À ses débuts et pendant les longues années qui ont suivi, la conquête spatiale était menée par les États eux-mêmes. Premier homme en orbite, premier homme qui effectue une sortie extravéhiculaire, premier homme sur la Lune… Les records étaient alors établis par les pays, principalement les États-Unis et l’URSS qui, en pleine guerre froide, se livraient une bataille sans merci pour « être le premier à ». Depuis, le secteur spatial a incroyablement changé. S’il est vrai que, même à l’époque d’Apollo, la NASA collaborait avec des entreprises pour la conception de ses lanceurs, satellites, etc., elle était beaucoup plus impliquée dans les efforts de développement des différents engins et était, dans la majorité des cas, la seule entité pouvant décider du programme, de ses objectifs et des modalités d’une mission.

Aujourd’hui, pour plusieurs raisons, le secteur spatial s’est métamorphosé, en partie grâce aux avancées technologiques, mais aussi car le secteur privé bouleverse l’offre et ne limite plus les dépenses. Pour pouvoir mettre en œuvre leurs ambitions, les agences sont souvent soumises à des débats parlementaires houleux, longs, où il faut convaincre les élus de valider des dépenses aux résultats tardifs. Il faut en effet savoir que même le célèbre programme Apollo a largement été critiqué en son temps. Les États-Unis étaient alors engagés dans une guerre destructrice au Vietnam. Dans le secteur privé, l’argent n’émane pas du pouvoir public, et les ambitions sont donc bien moins limitées.

Une industrie en pleine émergence depuis quelques années

Les possibilités dans le spatial sont encore immenses. Le secteur attire, de ce fait, de très nombreux investisseurs. L’exemple type de l’impact du secteur privé dans le spatial est bien entendu SpaceX : fondée par Elon Musk en 2002, la firme a révolutionné le domaine en un temps record, est parvenue à rendre ses fusées réutilisables, et continue de travailler sur des vaisseaux dont l’avenir semble très prometteur. SpaceX est désormais un partenaire clé de la NASA dans nombre de ses projets, notamment le transport d’astronautes vers l’ISS, mais également dans le cadre du programme Artemis, qui verra l’être humain retourner sur la Lune pour s’y installer de manière permanente. Au travers de leurs programmes, les agences spatiales font d’ailleurs grandir le new space, notamment en accordant aux entreprises de plus en plus de contrats. C’est par exemple le cas de la société Intuitive Machines qui base ses projets sur l’exploration lunaire.

D’autres entreprises spatiales jouissent d’une renommée internationale, à l’instar de Blue Origin qui envoie des touristes dans l’espace et travaille sur sa propre station spatiale. Mais il en existe d’autres, moins connues, travaillant pourtant sur des projets permettant à l’humanité de réaliser des avancées techniques ou scientifiques significatives. Par exemple, le secteur des lanceurs est en plein boom avec de nouveaux venus comme Firefly Aerospace ou Relativity Space, tandis que des entreprises déjà existantes commencent enfin à être reconnues dans l’industrie à l’instar de Rocket Lab. Petit à petit, ces firmes rattrapent leur retard sur les acteurs historiques de l’industrie, l’exemple le plus frappant étant l’avance déjà bien établie du lanceur Falcon 9 de SpaceX sur la fusée Ariane 6, dont le vol inaugural vient à nouveau d’être retardé.

Des sociétés innovent en outre dans d’autres domaines liés au spatial, comme la lutte contre les débris spatiaux et l’augmentation de la durée de vie de satellites, c’est notamment le cas d’Astroscale et d’Orbit Fab. Le secteur du tourisme spatial voit, lui aussi, émerger de nombreux acteurs aux concepts bien différents les uns des autres ; par exemple, le français Zephalto veut transporter des humains dans la stratosphère sans émettre aucun gaz à effet de serre.

Le spatial, un secteur qui devrait atteindre les 1 000 milliards de revenus annuels en 2040

Le new space est en train de faire évoluer de manière exponentielle l’économie en orbite basse et bientôt, l’économie lunaire. De nombreuses inventions fleurissent aux quatre coins du monde en permettant de réaliser des avancées significatives, utiles à d’autres domaines. Bientôt, l’espace sera un lieu où se développeront de nombreux secteurs d’activité, où en émergeront de nouveaux.. Un potentiel immense est à portée, les prédictions des analystes sont catégoriques.

La valeur de l’économie spatiale mondiale a atteint 424 milliards de dollars en 2020, soit une croissance de 70 % depuis 2010. Selon Citi, une firme financière majeure outre-Atlantique, l’industrie spatiale atteindra 1 000 milliards de dollars de revenus annuels d’ici 2040. On devrait en effet assister à une baisse de 95 % des coûts de lancements, permettant de débloquer davantage de services depuis l’orbite. S’il est probable que la récession touche aussi ce secteur, l’engouement qui l’entoure est tel qu’il devrait s’en relever sans trop de dégâts pour continuer son développement spectaculaire.