Réduire les coûts de lancement tout en gagnant un temps considérable pour la conception des fusées, c’est le pari que s’est lancé Relativity Space, une jeune pousse dans le secteur du spatial qui affiche une ambition folle : aller sur Mars avant l’entreprise d’Elon Musk.

Bouleverser le secteur du spatial grâce à l’impression 3D

Relativity Space a été fondée en 2015 par deux anciens ingénieurs de chez SpaceX et Blue Origin, Tim Ellis et Jordan Noone. Cette startup affiche des ambitions immenses avec des lanceurs imprimés en 3D et totalement réutilisables. La firme veut exploiter cette technologie qu’elle intègre dans de nombreux domaines. Cela lui permet de baisser sa masse salariale et ses coûts de logistique de manière considérable, mais également de gagner du temps dans la conception de ses lanceurs.

Surtout, l’impression 3D permet à Relativity Space de fabriquer des fusées composées de beaucoup moins de pièces que ses homologues. L’entreprise affirme être en train de « bouleverser 60 ans du secteur de l’aérospatial », et promet des lanceurs avec 100 fois moins de pièces, fabriqués 10 fois plus vite, avec une chaîne d’approvisionnement simplifiée. Le moteur développé par l’entreprise, baptisé AEON, est ainsi composé d’une centaine de pièces. Habituellement, les moteurs équipant les lanceurs en comportent des milliers. En règle générale, l’industrie s’appuie sur d’immenses usines et prend plusieurs mois, voire années, pour fabriquer un lanceur. Relativity Space veut mettre un terme à cette norme en automatisant la fabrication de fusées, et en intégrant verticalement la robotique intelligente, les logiciels, et la technologie d’impression 3D basée sur les données.

Pour concevoir ses fusées, la startup a mis au point ses propres imprimantes 3D. Baptisées Stargate et dotées de plusieurs bras articulés, elles mesurent plus de 10 mètres de hauteur et sont à même de fabriquer un premier étage de fusée légère en une seule fois. Elle assure ainsi être capable de construire une fusée entière en 60 jours seulement.

Une imprimante 3D

Les imprimantes 3D de Relativity Space comptent parmi les plus grandes du monde. Photographie : Relativity Space

Quels projets pour Relativity Space ?

Avec son savoir-faire, Relativity Space développe deux lanceurs. Le premier, Terran 1, est un lanceur léger d’une hauteur de 35 mètres, doté d’une capacité de charge utile de 1,2 tonne et dont le premier étage est imprimé en 3D. Il a été pensé pour transporter des objets, et notamment des petits satellites, en orbite basse.

Le second lanceur, Terran R, est lui aussi réutilisable. Ce lanceur lourd devrait être quant à lui entièrement imprimé en 3D. Il possède une capacité de charge utile de 2 000 tonnes et Relativity Space a d’ores et déjà signé cinq contrats pour des lancements, notamment avec OneWeb, dont l’objectif est de déployer une constellation de satellites pour apporter un réseau internet haut débit aux zones les plus isolées du monde.

Récemment, Relativity Space a fait couler beaucoup d’encre après avoir annoncé un partenariat avec la très jeune startup Impulse Space. Elle veut envoyer une mission robotisée sur Mars avant 2029 grâce, justement, au lanceur Terran R. Si elle y parvient, Relativity Space battra alors SpaceX dont l’objectif ultime est d’atteindre Mars avec Starship… mais ce projet est encore considéré comme trop ambitieux. Si de nombreux acteurs du secteur font confiance à Relativity Space, qui a réalisé la troisième meilleure levée de fonds du New Space en 2020 avec 500 millions de dollars, et que sa technologie est incroyablement prometteuse, Terran R ne décollera pas avant 2024… Or, le développement et les tests d’un lanceur peuvent s’avérer bien plus complexes qu’initialement prévu, d’autant plus s’il doit se rendre dans l’espace lointain.

De même, Terran 1 n’a toujours pas quitté la terre ferme et est actuellement en test à Cap Canaveral. Il devrait néanmoins effectuer son premier vol dès cette année. Il faut donc attendre de voir comment se déroulent les essais des lanceurs de Relativity Space mais, si tout se passe comme prévu, il y a fort à parier que l’entreprise laissera sa marque dans le secteur grâce à son design révolutionnaire.