Fondée en 2014, Firefly Aerospace est une entreprise texane à l’histoire tourmentée et à l’avenir encourageant. En proposant des systèmes de transports spatiaux pour l’orbite basse, mais pas seulement, la firme s’engage à fournir un accès économique et pratique à l’espace pour les petites charges utiles.
Des débuts compliqués

Si de prime abord, Firefly peut sembler similaire à Rocket Lab, les deux entreprises développant un micro lanceur, c’est en réalité loin d’être le cas. Malgré des débuts prometteurs avec notamment un partenariat décroché en 2015 avec la NASA pour le développement d’un lanceur, la société est contrainte, en 2016, d’arrêter son activité et de mettre à pied ses quelque 150 employés. En cause, une levée de fonds qui n’atteint pas ses objectifs, le retrait de l’un de ses investisseurs européens, ainsi que des accusations à l’encontre de l’un des fondateurs de la firme de la part de son ancien employeur, Virgin Galactic. Celui-ci lui a reproché d’avoir violé les règles de la propriété intellectuelle en exploitant des concepts issus de son entreprise.

Si l’on pouvait penser l’entreprise terminée, elle est finalement rachetée en 2017 par l’un de ses actionnaires d’origine, Noosphere Ventures. Une fois remise sur les rails, l’entreprise revoit ses plans pour son micro lanceur qu’elle baptise Firefly Alpha.

Les lanceurs de Firefly

Celui-ci n’est pas réutilisable et mesure 29 mètres de hauteur, avec une capacité de charge utile allant jusqu’à 400 kilogrammes. Le premier vol de la fusée s’est soldé par un échec. Atteignant la vitesse supersonique plus tard que prévu, il est rapidement hors de contrôle et pousse les équipes de Firefly à le désintégrer. La firme assure avoir obtenu des données clés lors de ce vol test pour améliorer son lanceur. Ses efforts n’ont pas été vains. Ce samedi 1er octobre, le lanceur Alpha a effectué un autre essai et cette fois, il est parvenu à atteindre l’orbite et à y déployer trois charges utiles. Un événement qui marque le début d’une nouvelle ère au sein de l’entreprise.

Firefly Aerospace travaille en outre au développement d’une fusée bien plus puissante nommée MLV, qui pourrait transporter jusqu’à 13 tonnes de charge utile en orbite, c’est 10 de moins que le Falcon 9 de SpaceX mais bien plus qu’Alpha. Elle a d’ailleurs établi un partenariat clé avec Northman Grumman, pilier du secteur spatial, dans le cadre de la conception de ce lanceur. Cela devrait mener au développement d’une nouvelle fusée utilisant le premier étage de MLV.

Direction la Lune

En plus de cette collaboration très encourageante, Firefly Aerospace est l’une des nombreuses entreprises choisies pour participer au programme Artemis de la NASA, qui vise à ramener l’être humain sur la Lune et à y implanter une base permanente. Il est important de rappeler que celui-ci est un véritable vecteur d’innovations et permet à de nombreuses entreprises spatiales d’émerger et d’avoir leur chance. Ainsi, Firefly a développé un alunisseur baptisé Blue Ghost et sélectionné pour le programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS) mis en place par l’agence spatiale américaine. Il consiste à transporter des instruments scientifiques, des équipements et des engins spatiaux à la surface de la Lune afin de préparer les futures explorations humaines.

L'alunisseur Blue Ghost.

Vision d’artiste de l’alunisseur Blue Ghost sur la Lune, avec le logo de Firefly Aerospace bien visible. Image : Firefly Aerospace

Blue Ghost a une capacité de charge utile de 155 kilogrammes et transportera notamment LuGRE (Lunar GNSS Receiver Experiment) à la surface lunaire afin d’y expérimenter le tout premier système GPS en dehors de la Terre. La mission est prévue pour 2024, mais Firefly assure d’ores et déjà que son alunisseur effectuera à l’avenir des missions annuelles sur la surface lunaire vers divers endroits, notamment les pôles et la face cachée de notre satellite.

Doucement mais sûrement, Firefly Aerospace progresse dans le secteur spatial. Le rôle significatif de Blue Ghost, au sein du programme Artemis devrait lui permettre de vite grimper les échelons ; construire un alunisseur et le faire fonctionner à une telle échelle n’est en effet pas mince affaire… Encore faut-il que tout se passe comme prévu.