Après environ un an d’attente, la NASA a enfin annoncé quelle entreprise elle avait choisi pour poser ses astronautes sur la Lune dans le cadre du programme Artemis. Sans réelle surprise, l’agence américaine a accordé un contrat de 2,9 milliards de dollars à SpaceX, qui effectuera cette mission avec son vaisseau Starship.

Elon Musk bat Jeff Bezos

Initialement, trois entreprises développant un alunisseur avaient été sélectionnées par la NASA : Blue Origin, Dynetics et SpaceX ; elles disposaient ainsi de plusieurs mois pour développer davantage leur vaisseau. Après avoir repoussé une fois l’annonce du vainqueur, l’agence spatiale l’a finalement dévoilé le vendredi 16 avril.

Le choix de SpaceX semble tout à fait logique, tant l’entreprise est devenue un acteur incontournable du spatial ces dernières années. Cette victoire est également particulière pour Elon Musk qui, après être passé devant Jeff Bezos pour le titre de personne la plus riche du monde, le bat désormais dans ce secteur. Pour rappel, Blue Origin, autre firme qui était dans la course pour obtenir ce contrat, appartient au PDG d’Amazon.

SpaceX va toutefois devoir se dépêcher, car si Musk assure que sa fusée Starship sera prête pour transporter des gens dans l’espace dès 2023, les récents tests des prototypes de l’appareil se sont quasiment tous achevés en explosion… Le contrat de 2,9 milliards de dollars devrait cependant lui permettre d’accélérer davantage (la cadence est déjà très élevée) le développement de Starship, priorité absolue de SpaceX depuis plusieurs mois déjà.

Starship pourrait voler la vedette au SLS

Pour l’heure, la mission de Starship se résumerait à récupérer en orbite les astronautes de la mission Artemis 3, les premiers à se rendre sur la Lune dans le cadre du programme, puis à les acheminer jusqu’à notre satellite. En effet, ces derniers quitteront, normalement, la Terre à bord de la capsule Orion, qui sera propulsée par le lanceur Space Launch System (SLS). En développement depuis près d’une décennie, ce dernier a récemment franchi une étape cruciale en réussissant son test dit « Green Run ».

On peut toutefois se demander si, finalement, Starship ne serait pas plus apte à réaliser l’intégralité de la mission. Il s’agit également d’une fusée surpuissante, et plus particulièrement lorsqu’elle est couplée au booster Super Heavy, possédant une énorme capacité pour la charge utile et surtout, elle dispose d’un atout de taille par rapport au SLS : elle est réutilisable. Le lancement du SLS coûte environ 1 milliard de dollars, explique le New York Times ; si Starship effectuait toute la mission, la NASA réaliserait de grandes économies et n’aurait pas à mettre en œuvre d’importantes manœuvres en orbite lunaire.

Il est encore difficile de savoir quelle direction la NASA prendra, notamment car elle a dépensé des milliards de dollars dans le développement du SLS : y mettre un terme serait considéré comme un échec monumental. D’un autre côté, Starship ne manque pas d’arguments puisqu’il a été pensé par la firme d’Elon Musk pour de longs vols habités, vers la Lune mais aussi vers Mars.

SpaceX atteint les cieux

Cette annonce confirme donc la domination de SpaceX dans le secteur spatial privé. L’entreprise est sur tous les fronts outre-Atlantique : sa capsule Crew Dragon transporte désormais des astronautes jusqu’à l’ISS, son lanceur réutilisable Falcon 9 réalise plusieurs missions par mois, tandis que la fusée Falcon Heavy a, elle aussi, été choisie pour transporter un rover de la NASA sur la Lune en 2023.

Pour ce qui est de l’arrivée des prochains astronautes sur notre satellite, la date est encore susceptible de changer. Si Donald Trump avait vu (très) grand en imposant une deadline en 2024, l’administration Biden se veut beaucoup plus prudente, cette date charnière pourrait donc être repoussée. « Nous pensons que c’est faisable avec ce que nous avons et ce que nous pouvons attendre en termes de financement », a ainsi déclaré Steve Jurczyk, administrateur intérimaire de la NASA.