Entreprise américaine d’origine néo-zélandaise, fondée en 2006, Rocket Lab se spécialise, à l’instar de SpaceX, dans la confection de lanceurs réutilisables. Seulement, sa technique pour récupérer les fusées semble tout droit sortie d’un film de science-fiction et lui vaut déjà une grande réputation alors qu’elle n’a pas encore réellement accompli l’un de ses objectifs phares. Outre la récupération de ses fusées, la société se spécialise également dans le lancement de nano-satellites, ou CubeSats, en orbite terrestre.

L’objectif de Rocket Lab

À l’image de plusieurs entreprises, Rocket Lab veut que ses lanceurs soient réutilisables pour plusieurs raisons, notamment réduire de manière considérable les coûts de ses opérations. Pour parvenir à son but, l’entreprise veut récupérer le premier étage de sa fusée avec un hélicoptère lorsque celle-ci revient de l’espace, après avoir effectué sa rentrée atmosphérique. Ensuite, l’engin doit être ramené vers la terre ferme pour être analysé et remis sur pied pour de futures missions.

L’idée de Rocket Lab est particulièrement ingénieuse, mais difficile à accomplir. Par le passé, la firme a démontré sa capacité à récupérer une fusée en descente avec un hélicoptère, mais le lanceur ne revenait pas de l’espace. Plus récemment, elle est parvenue à attraper son lanceur grâce à un hélicoptère après qu’il ait réalisé sa rentrée atmosphérique. Une prouesse qui a néanmoins été de courte durée puisque le pilote de l’hélicoptère a finalement relâché l’engin à cause d’un problème technique.

« Ramener une fusée de l’espace et l’attraper avec un hélicoptère est une sorte de ballet supersonique. Un très grand nombre de facteurs doivent s’aligner et de nombreux systèmes doivent fonctionner parfaitement ensemble », a expliqué Peter Beck, fondateur et dirigeant de l’entreprise. Si pour l’heure, Rocket Lab n’est pas parvenue à rendre ses fusées réutilisables, elle opère d’ores et déjà des lancements et compte à son actif l’acheminement de plus de 140 satellites grâce à son micro lanceur Electron. Haut de 18 mètres seulement, ce dernier est conçu pour placer une charge utile de 300 kilogrammes maximum en orbite, ce qui en fait l’un des plus petits lanceurs au monde. Rocket Lab prévoit un nouveau test de récupération d’Electron avant la fin de l’année 2022.

Des partenariats très sérieux et une mission privée vers une autre planète

En 2021, Rocket Lab a réussi à lever 700 millions de dollars avec un objectif en tête : concevoir un nouveau lanceur réutilisable baptisé Neutron, plus imposant qu’Electron et optimisé pour les méga constellations de satellites, les missions interplanétaires à forte consommation de carburant et peut-être même les missions humaines dans un avenir lointain.

En plus de cet ambitieux projet, la firme va effectuer plusieurs missions avec Electron. Le lanceur devrait ainsi acheminer le satellite ADRAS-J en orbite lors de la mission Active Debris Removal d’Astroscale, preuve qu’outre une concurrence féroce, les entreprises du new space peuvent réaliser de grandes choses en combinant leurs compétences.

Par ailleurs, la société a déjà collaboré avec la NASA en envoyant le nano-satellite CAPSTONE en orbite lunaire dans le cadre du programme Artemis. Son objectif est de vérifier la stabilité de l’orbite prévue pour la future station spatiale Lunar Gateway, qui sera à terme habitée par des astronautes en permanence. En plus de cela, Rocket Lab opérera, en 2023, la première mission privée vers Vénus. Le lanceur Electron propulsera une petite sonde jusqu’à notre planète voisine pour obtenir davantage de données sur cette dernière. Si Rocket Lab réussit, alors la firme deviendra la première entreprise privée à envoyer un vaisseau au-delà de la Lune, et pourrait attirer les scientifiques du monde entier grâce à ses prix attractifs, et ainsi révolutionner l’exploration low-cost du Système solaire.

Le calendrier de Rocket Lab est donc bien fourni. Si l’entreprise parvient à perfectionner sa méthode de récupération de ses fusées, alors elle pourra devenir un acteur extrêmement sérieux en matière de lancements, grâce à des coûts bien plus abordables. Son prochain lancement est prévu pour le 5 octobre, elle verra Electron propulser un satellite de la société General Atomics en orbite.