L’année 2022 aura sans aucun doute été la plus difficile de l’histoire de Meta en termes de finance, la firme ayant enregistré la première chute annuelle de son chiffre d’affaires depuis sa création. Malgré cela, elle est parvenue à battre les estimations des analystes sur le dernier trimestre. Le temps est donc venu pour Mark Zuckerberg de faire le bilan et de tirer des leçons sur l’année qui vient de s’écouler, mais également d’établir une feuille de route concise pour 2023.

Les investissements dans les Reels enfin payants

L’activité principale de Meta, à savoir la diffusion de publicités, a subi une baisse de revenus de 1 % en 2022 par rapport à 2021. Toutefois, Zuckerberg reste optimiste : les Reels sont de plus en plus performants, ce qui ne se reflète pas forcément sur le bilan financier car cette tendance est récente. L’entreprise a largement poussé son format de vidéos courtes ; si pendant un temps, il est resté à la traîne, cette tendance est en train de s’inverser.

De même, on aurait tendance à penser que Facebook s’épuise, mais le réseau social continue d’être incroyablement populaire et a passé la barre des 2 milliards utilisateurs actifs quotidiens, il représente deux tiers des revenus totaux de Meta. La société a également été largement affectée par la mise en place de l’App Tracking Transparency d’Apple sur les appareils iOS. Cette fonctionnalité, si activée par les utilisateurs, empêche Meta de recueillir leurs données de navigation sur les applications tierces, une pratique qui permet à l’entreprise de cibler la publicité et donc de générer d’importants revenus.

Afin de la contourner, Meta a mis en place de nouveaux formats publicitaires moins dépendants de la collecte de données, elle devrait commencer à se remettre financièrement de la fonctionnalité d’Apple, avec une amélioration au courant de l’année 2023.

Une année très compliquée pour Reality Labs… et cela devrait continuer

La réalité est bien plus compliquée pour Reality Labs, la division chargée de développer le métavers. Elle a enregistré 4,3 milliards de dollars de perte en 2022 et selon l’entreprise, cela n’est pas prêt de s’arranger : « Les pertes d’exploitation de Reality Labs en 2023 augmenteront considérablement d’une année sur l’autre ».

Lors de l’annonce de son changement de nom, l’entreprise expliquait sa vision pour le futur, avec le développement du métavers qu’elle considère comme la future itération d’Internet. Elle est vite redescendue sur Terre ; sa plateforme Horizon Worlds a en effet fait l’objet de nombreuses critiques et moqueries, même en interne avec des ingénieurs de Meta rechignant à l’utiliser car comportant trop de bugs.

Des avatars dans Horizon Worlds.

La plateforme Horizon Worlds, les prémices du métavers de Meta, ne rencontre pas du tout le succès escompté. Image : Meta.

Les investisseurs de la société se sont d’ailleurs montrés en désaccord avec sa politique et ses investissements pharaoniques dans Reality Labs, mais Meta n’en démord pas et croit dur comme fer dans le métavers. Zuckerberg espère « arriver à environ un milliard de personnes dans le métavers commerçant des centaines de dollars » d’ici la seconde moitié de la décennie, a-t-il expliqué au média CNBC. « Au-delà de 2023, nous prévoyons de rythmer les investissements de Reality Labs de telle sorte que nous puissions atteindre notre objectif de croissance du résultat d’exploitation global de l’entreprise à long terme », a déclaré Meta.

En amont, l’entreprise a dévoilé un nouveau casque VR baptisé Quest Pro et destiné aux lieux de travail, et continue de développer des lunettes de réalité augmentée, appareils qui seront indispensables au déploiement du métavers.

Fin de projets et licenciements

En plus des pertes engendrées par sa division de réalité augmentée et de réalité virtuelle, Meta a dû faire face, à l’instar de l’ensemble de l’industrie de la tech, à une crise importante. En plus du contexte géopolitique, il s’agit d’un phénomène post-Covid : les entreprises ont embauché massivement pendant la pandémie pour répondre à la demande croissante, et se retrouvent désormais dans des situations compliquées alors que leurs activités sont moins abondantes.

En conséquence, Meta a abandonné de nombreux projets, comme sa tablette Portal, ses montres connectées ou encore Meta Connectivity, une unité spécialisée dans les technologies de connexion Internet grâce aux satellites et aux drones. L’entreprise a également annoncé le licenciement de 11 000 de ses employés, et, selon Zuckerberg, cette tendance pourrait s’étendre en 2023. En effet, le mot d’ordre pour cette nouvelle année est « l’efficacité ».

La feuille de route de Meta pour 2023

Meta veut restructurer son organisation et s’optimiser pour être plus efficace. Cela passe notamment par la suppression de « certaines couches de gestion intermédiaire pour prendre des décisions plus rapidement », explique le PDG. « Je ne pense pas que vous vouliez une structure de gestion qui se résume à des managers gérant des managers, gérant des managers, gérant des managers, gérant les personnes qui font le travail », précise-t-il. L’entreprise va également continuer d’abandonner des projets « qui ne sont pas performants ou qui ne sont peut-être plus aussi cruciaux ».

En 2023, Meta va donc changer son fusil d’épaule en gardant en tête son objectif clair : le métavers. Pour cela, la société peut se baser sur ses tremplins très solides que sont ses réseaux sociaux pour lui générer d’importants revenus publicitaires. Andrew Bosworth, directeur de la technologie chez Meta et dirigeant de Reality Labs, a été dans ce sens dans une lettre adressée aux investisseurs et rédigée à la fin décembre. Il y explique que cette année, 80 % des dépenses de Meta seront dédiées à Facebook, WhatsApp, Instagram et Messenger, et les 20 % restantes seront injectées dans le développement du métavers, avec autant d’investissements dans la réalité augmentée que dans la réalité virtuelle.