Dans une lettre ouverte, le dirigeant d’une firme investissant dans Meta et baptisée Altimeter Capital demande à l’entreprise et plus particulièrement à Mark Zuckerberg de revoir ses dépenses afin qu’elle puisse « retrouver son charme ».

Des revenus en baisse

Lors du deuxième trimestre 2022, Meta a vu son chiffre d’affaires reculer pour la première fois de son histoire, et a même été contrainte d’emprunter 10 milliards de dollars au mois d’août pour financer ses projets. La baisse des revenus de la société s’explique par l’inflation et les difficultés qui touchent le monde de la tech, mais également par sa stratégie très osée : investir massivement dans le métavers pour de potentiels résultats qui ne seront visibles que dans plusieurs années.

Brad Gerstner, le PDG d’Altimeter Capital, estime que le fait d’investir 10 milliards par an dans le métavers est « surdimensionné et terrifiant, même selon les normes de la Silicon Valley ». Il recommande ainsi à Meta de baisser cette somme à 5 milliards de dollars par an. À la fin du deuxième trimestre de cette année, Altimeter Capital détenait plus de 2 millions d’actions de Meta ; pour rappel, les actions du réseau social ont chuté de 61 % en 2022.

Remise en cause du métavers

Par ailleurs, Gerstner assure que la notion de métavers est encore très floue pour les consommateurs, et qu’un tel investissement dans un concept à l’avenir encore incertain est extrêmement risqué. « De plus, les gens sont confus quant à la signification même du métavers. Si l’entreprise investissait 1 à 2 milliards de dollars par an dans ce projet, alors cette confusion ne serait peut-être même pas un problème », explique-t-il dans sa lettre relayée par CNBC.

Pourtant, l’entreprise mise tout sur ce concept et a même changé de nom pour être en accord avec celui-ci, mais le retour des utilisateurs n’est pour l’instant pas à la hauteur de ses attentes, l’entraînant même à revoir les objectifs de fréquentation de son monde virtuel Horizon Worlds à la baisse. D’ailleurs, les développeurs de Meta bouderaient eux aussi la plateforme, estimant qu’elle est trop sujette aux bugs.

Meta compterait trop d’employés

Brad Gerstner insiste sur un second point pour que Meta fasse baisser ses dépenses : le nombre de salariés que compte la société. En 2021, cette dernière a largement fait augmenter ses effectifs et comptait 83 553 employés à la fin du deuxième trimestre, soit une augmentation de 32 % par rapport à l’année précédente.

« C’est un secret mal gardé dans la Silicon Valley que des entreprises allant de Google à Meta en passant par Twitter et Uber pourraient atteindre des niveaux de revenus similaires avec beaucoup moins de personnes », assure l’investisseur, qui préconise une réduction de 20 % des dépenses de Meta liées à ses employés. Si l’entreprise a annoncé un gel des recrutements ainsi que des licenciements, Grestner estime qu’elle doit en faire beaucoup plus pour mieux gérer ses dépenses.

« Nous pensons que les recommandations décrites ci-dessus conduiront à une entreprise plus légère, plus productive et plus concentrée – une entreprise qui retrouve sa confiance et son élan », conclut-il. Pour l’heure, Meta n’a pas voulu commenter ces propos. Il est difficile de savoir si elle les prendra en compte, tant le métavers est devenu la pierre angulaire de son projet d’avenir, avec un Mark Zuckerberg qui en vante les mérites très régulièrement.