Dans un vaste billet de blog, Andrew Bosworth, directeur de la technologie chez Meta et dirigeant de Reality Labs, a dévoilé la voie qu’empruntera l’entreprise en 2023. Certains de ses propos risquent de déplaire aux investisseurs : Meta ne compte pas réduire ses dépenses dans le développement du métavers, malgré les difficultés rencontrées au cours de 2022.

La claque de 2022

Fin 2021, Facebook devenait officiellement Meta et changeait de cap sur son avenir : celui-ci passerait par le développement du métavers, considéré par l’entreprise comme la future itération d’Internet. L’année 2022 a toutefois été bien plus compliquée que prévu pour l’ensemble du secteur de la tech, et Meta a été particulièrement touchée. Pour la première fois de son histoire, la firme a vu ses revenus chuter ; rapidement, les investisseurs ont pointé du doigt ses dépenses massives dans Reality Labs, son unité dédiée aux réalités virtuelle et augmentée. Il faut dire que l’entreprise a eu du mal à convaincre, notamment car sa plateforme Horizon Worlds a proposé des graphismes discutables, suscitant moqueries et peinant à attirer de nouveaux utilisateurs.

Le constat est préoccupant pour Meta : ses actions en bourse ont chuté de 65 % cette année, l’entreprise a été contrainte de mettre fin à de nombreux projets et a décidé de remercier des milliers de ses salariés. « Ce sont les moments qui mettent véritablement à l’épreuve la foi des gens en l’avenir. En période d’essor économique, il est facile de faire des investissements importants et ambitieux dans ce qui est à venir. Mais lorsque la conjoncture économique se retourne, il est tout aussi facile de faire le contraire : réduire ses ambitions, s’en tenir à ce qui est le plus sûr et le plus rentable aujourd’hui, et en tirer le maximum », déclare Andrew Bosworth.

Horizon Worlds.

Image : Horizon Worlds / Meta.

Les promesses pour 2023

Malgré les obstacles, Meta veut toujours y croire, comme le suggère le titre du billet rédigé par Bosworth : « Pourquoi nous croyons encore dans le futur ». L’informaticien donne notamment des informations sur les investissements de l’entreprise durant 2023 : « Comme le montrent également nos résultats du troisième trimestre, environ 80 % des investissements globaux de Meta soutiennent l’activité principale, les 20 % restants allant à Reality Labs. C’est un niveau d’investissement que nous pensons judicieux pour une entreprise qui s’engage à rester à la pointe de l’une des industries les plus compétitives et les plus innovantes de la planète ».

Autrement dit : 80 % des dépenses de Meta seront dédiées à Facebook, WhatsApp, Instagram et Messenger, et les 20 % restantes seront injectées dans le développement du métavers, avec autant d’investissements dans la réalité augmentée que dans la réalité virtuelle.

Andrew Bosworth explique notamment ce parti pris par la concurrence qui devrait largement accroître en 2023 dans les secteurs de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle, notamment avec la très probable arrivée d’Apple sur le marché des casques de réalité mixte. Néanmoins, le chemin est encore long : « Notre vision des véritables lunettes de réalité augmentée nécessitera des années de progrès pour rendre nos dispositifs plus fins, plus légers, plus rapides et plus puissants, tout en consommant beaucoup moins de batterie et en générant beaucoup moins de chaleur ».

Il promet également une amélioration de la plateforme Horizon Worlds, ainsi qu’un « Meta Quest Gaming Showcase » au printemps, et la révélation officielle du « successeur du Meta Quest 2 », un sujet que Mark Zuckerberg a aussi évoqué lors des derniers résultats de la société.

Meta ne veut clairement pas renoncer

Andrew Bosworth répond implicitement aux investisseurs ayant critiqué les choix de Meta : « La bonne nouvelle, c’est qu’à long terme, nous pensons que 2022 restera dans les mémoires comme l’année où les éléments fondamentaux de la technologie permettant de concrétiser notre vision de l’avenir se sont retrouvés pour la première fois entre les mains des développeurs et des utilisateurs », écrit-il.

Il estime que le développement des technologies de réalités virtuelle et augmentée sera encore plus poussé en 2023 et que l’avènement du métavers est inéluctable ; Meta ne renoncera donc pas à investir dans son élaboration. Reste à voir ce que les investisseurs en penseront, alors que John Cormack, pilier de l’entreprise dans le domaine de la réalité virtuelle, a décidé de la quitter la semaine dernière, assurant qu’elle « s’auto-sabote » et « gaspille ses efforts »…