Meta signe un premier trimestre 2024 records avec une hausse de 27 % de son chiffre d’affaires, sa meilleure croissance en trois ans. Pourtant, la valeur des actions de l’entreprise a chuté de 12 % après l’annonce de ses résultats. Les investisseurs se sont montrés inquiets quant aux dépenses nécessaires pour capitaliser sur le secteur de l’intelligence artificielle (IA).

Des dépenses astronomiques pour développer l’IA

Au total, Meta a généré 36,5 milliards de dollars sur la période allant de janvier à mars, c’est légèrement plus que les prédictions des analystes de Wall Street. La publicité a représenté plus de 97 % des recettes de la société, dont le bénéfice net s’est établi à 12 milliards de dollars, soit plus du double des 5,7 milliards atteint l’année précédente.

Au cours des neuf derniers mois, le rythme de croissance du chiffre d’affaires de Meta a largement dépassé celui des autres géants technologiques américains. Plus de 3,24 milliards de personnes utilisent une ou plusieurs de ses applications quotidiennement, indique en outre l’entreprise qui compte WhatsApp, Facebook et Instagram dans son portfolio.

Meta prévoit un chiffre d’affaires oscillant entre 36,5 et 39 milliards de dollars pour le trimestre en cours, ce qui est inférieur aux attentes des analystes. Après une année 2023 placée sous le signe de la rationalisation des dépenses et du rebond, Zuckerberg a révélé que 2024 irait dans le sens inverse. La société va dépenser des sommes astronomiques au cours des prochains mois, dans le but de concurrencer les autres géants de l’IA. La technologie, qui requiert d’immenses capacités de calcul, est particulièrement coûteuse à développer.

Ainsi, la firme de « Zuck » a revu ses prévisions de dépenses pour cette année, les faisant passer à 35 ou 40 milliards de dollars, contre les 30 à 37 milliards de dollars précédemment annoncés. Ses dépenses en capital devraient aussi augmenter en 2025, a prévenu le PDG.

Le cours de l'action de Meta.

Capture d’écran : Google.

Zuckerberg demande aux investisseurs de se montrer patients

En conséquence, ses actions ont chuté de plus de 12 %, un revirement brutal pour une cotation qui a progressé de plus de 40 % cette année. Mais Mark Zuckerberg voit grand. Lors de son appel avec les investisseurs, le PDG a expliqué vouloir transformer Meta en « première entreprise d’IA au monde ».

En avril, la société a lancé son dernier grand modèle de langage (LLM), Llama 3. L’IA sera également déployée dans plusieurs produits de Meta, à savoir Messenger, Instagram et WhatsApp. Elle est notamment capable de générer des images instantanément et de fournir des résumés d’articles aux utilisateurs. La firme travaille en outre sur ses propres puces d’IA, un travail de recherche et développement particulièrement coûteux.

Ces efforts ne représentent que le début pour l’entreprise, qui doit « investir beaucoup plus dans les années à venir pour construire des modèles encore plus avancés et les services d’IA les plus vastes au monde », a analysé Zuckerberg. Le dirigeant a surtout laissé entendre que le retour sur investissement est à prévoir dans plusieurs années, indiquant que les dépenses devraient augmenter « de manière significative avant que nous puissions tirer des revenus de certains de ces nouveaux produits ».

Probablement conscient de l’accueil que recevraient de telles paroles, le PDG a tenu à rassurer les investisseurs en rappelant la capacité de son entreprise à monétiser ses produits. Il a notamment cité les stories et les Reels, des fonctionnalités aujourd’hui prisées et surtout, rentables. « Les premiers signes sont très positifs ici aussi. Mais la mise en place de l’IA de pointe sera également une entreprise plus importante que les autres expériences que nous avons ajoutées à nos applications, et cela prendra probablement plusieurs années », a-t-il détaillé.

Reality Labs encore dans le négatif

Bien que l’IA soit désormais le centre d’intérêt principal de la société, elle n’en oublie pas pour autant le métavers. Reality Labs, la division en charge de développer ses casques VR et lunettes de réalité augmentée (AR) a perdu environ 3,8 milliards de dollars au premier trimestre, pour un chiffre d’affaires de 440 millions de dollars. C’est tout de même 29 % en plus que sur la période équivalente en 2023.

L’unité dépense d’importantes sommes dans le développement de ces nouvelles technologies, que Meta considère comme l’avenir d’Internet. Cette semaine, la firme a annoncé la commercialisation de Horizon OS, son système d’exploitation dédié aux casques VR. Mark Zuckerberg estime désormais que le succès du métavers passera par l’IA : « J’avais l’habitude de penser que les lunettes AR ne seraient pas vraiment un produit grand public tant que nous n’aurions pas d’écrans holographiques complets. Mais aujourd’hui, il semble évident qu’il existe également un marché significatif pour les lunettes d’intelligence artificielle sans écran », a-t-il précisé, citant le succès de sa collaboration avec Ray-Ban.

Reste à voir si ce pari, aussi, sera payant.