Dans une lettre adressée à la sénatrice de la Californie Lena Gonzalez, le Department of Motor Vehicules, organisme gouvernemental qui administre l’immatriculation des véhicules à moteur et les permis de conduire, annonce être en train d’évaluer la possibilité de soumettre le système de conduite Full Self-Driving de Tesla à une réglementation bien plus stricte en Californie.

Actuellement, le Full Self-Driving est considéré comme un système de niveau 2

La Californie est l’État où les entreprises de conduite autonome sont les plus nombreuses à effectuer des tests. Néanmoins, sur les soixante firmes qui font rouler des véhicules autonomes sur les routes californiennes, seule une poignée d’entre elles sont autorisées à le faire sans aucun chauffeur de sécurité chevronné derrière le volant ; c’est notamment le cas de Waymo, entreprise-sœur de Google.

Actuellement disponible en version bêta pour une somme de 10 000 dollars, le système Full Self-Driving (FSD) de Tesla n’entre pas dans la catégorie des véhicules autonomes selon la juridiction californienne, bien qu’une voiture de la marque ait traversé l’État avec ce mode activé de manière autonome. Après avoir effectué différents tests en 2020 et consulté des experts de l’université de Berkeley, le DMV a en effet conclu que le FSD était un système de niveau 2, c’est-à-dire un dispositif semi-autonome qui requiert obligatoirement la présence d’un conducteur, et qu’il ne permettait pas au véhicule de conduire par lui-même.

Par ailleurs, Tesla a assuré au DMV que le FSD avait de nombreuses limitations, à savoir l’incapacité de reconnaître ou de réagir à des « objets statiques, des débris de la route, des véhicules d’urgence, des zones de construction, de grandes intersections non contrôlées, des conditions météorologiques défavorables, des véhicules compliqués dans la trajectoire de conduite et des routes non cartographiées », ce qui a également influencé l’organisme dans son choix, rapporte The Verge.

Grâce à cette catégorisation, le FDS n’est pas soumis aux mêmes réglementations que les véhicules autonomes, et Tesla fait ainsi tester son système par ses utilisateurs eux-mêmes, et non pas par des chauffeurs de sécurité. Cela risque toutefois de changer…

Le tableau de bord d'un véhicule Tesla.

Le mode Full Self-Driving est actuellement disponible ne version bêta. Photographie : Bram Van Oost : Unsplash

Le DMV revoit sa décision

Dans sa lettre destinée à la sénatrice, le directeur du DMV californien, Steve Gordon, a annoncé que cette décision allait être revue « à la suite de mises à jour récentes du logiciel, de vidéos montrant une utilisation dangereuse de cette technologie, d’enquêtes ouvertes par la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) et de l’avis d’autres experts ».

« Si les capacités de la fonction (ndlr : du Full Self-Driving) correspondent à la définition d’un véhicule autonome selon la loi et les règlements de la Californie, le DMV prendra des mesures pour s’assurer que Tesla fonctionne avec les permis de véhicule autonome appropriés », continue-t-il. Dans ce cas, les choses se compliqueraient grandement pour la firme d’Elon Musk, qui affiche une santé détonante avec près d’1 million de véhicules livrés en 2021.

Par exemple, les entreprises qui testent des véhicules autonomes en Californie sont tenues de signaler tout accident, aussi mineur soit-il, ainsi que la fréquence à laquelle les conducteurs ont été contraints de prendre le contrôle de leurs véhicules autonomes. Cela déclencherait également une vérification des antécédents des conducteurs pour s’assurer qu’ils ont un bon dossier de conduite.

Le terme « Self-Driving » remis en cause

Cette décision de la part du DMV californien pourrait retarder le déploiement du Full Self-Driving, dont la firme fait la promotion depuis plusieurs années déjà. Si les autres États américains ont une législation beaucoup moins poussée en matière de véhicules autonomes, la décision de la Californie pourrait toutefois faire des émules dans le pays.

En outre, Steve Gordon a précisé que le terme Full Self-Driving, conduite entièrement autonome en français, était également soumis à une révision car il pouvait porter à confusion. Ce n’est pas la première fois que ce problème est soulevé : début 2021, Waymo avait annoncé qu’elle n’utiliserait plus le terme « self-driving » en parlant de ses véhicules à cause de son utilisation par Tesla, qui pouvait semer le doute parmi les conducteurs. Ce n’est pas le premier désagrément réglementaire auquel l’entreprise est confrontée. La NHTSA, agence fédérale chargée de la sécurité routière, enquête actuellement sur le système Autopilot suite à plusieurs accidents dans lesquels il est impliqué.