Suite au dépôt de plainte d’Elon Musk visant OpenAI ne s’était pas exprimé publiquement. C’est désormais chose faite. Le 5 mars, les principaux dirigeants de l’entreprise, dont Sam Altman et Greg Brockman, ont contesté les propos tenus par le milliardaire, apportant de nouveaux éléments.

2015 : les ambitions démesurées de Elon Musk pour OpenAI

Le 29 février, Elon Musk saisissait le tribunal de San Francisco, pour attaquer la société d’intelligence artificielle (IA) qu’il a pourtant cofondé. « OpenAI a été transformé en une filiale de facto à source fermée de la plus grande entreprise technologique au monde : Microsoft, » insistaient les avocats de l’homme d’affaires. Elon Musk considère qu’à cet égard, l’entreprise n’avait pas respecté ses engagements, à savoir qu’ils publieraient leurs travaux et leurs outils librement, « pour le bénéfice de l’humanité ».

Dans un billet de blog, les membres fondateurs d’OpenAI, démentent ces propos, et précisent qu’Elon Musk avait été l’un des premiers à vouloir lever davantage d’argent auprès d’investisseurs privés, éloignant ainsi OpenAI de sa mission principale. En 2015, au lancement de la start-up, Greg Brockman et Sam Altman avaient prévu de récolter 100 millions de dollars pour son développement. Elon Musk, portant de plus grandes ambitions, écrivait dans un mail à leur attention : « Nous devons choisir un chiffre bien supérieur à 100 millions de dollars pour éviter de paraître désespérés. (…) Je pense que nous devrions dire que nous commençons avec un engagement de financement de 1 milliard de dollars ». Au final, sur ses deux premières années, l’organisation à but non lucratif a collecté entre 130 et 140 millions de dollars, loin du milliard désiré.

2017 : OpenAI passe d’organisation à but non lucratif à champion de l’IA

Deux ans plus tard, toujours dans des échanges par mail, OpenAI explique que ni Elon Musk, ni aucun cofondateur, ne s’était pas opposé à l’idée de transformer l’entité en société lucrative. À l’époque, cette évolution devait permettre à l’organisation de répondre à ses besoins grandissants en puissance de calcul pour former des outils d’intelligence artificielle toujours plus performants. Elle avait également pour but de concurrencer les géants technologiques spécialisés dans ce domaine tels que Google avec DeepMind.

« Nous avons tous compris que nous allions avoir besoin de beaucoup plus de capitaux pour réussir notre mission, des milliards de dollars par an, ce qui était bien plus que ce qu’aucun d’entre nous, en particulier Elon, pensait pouvoir lever en tant qu’organisation à but non lucratif, » peut-on lire dans le communiqué. Fin 2017, Greg Brockman et Sam Altman se seraient mis d’accord avec Elon Musk, pour faire d’OpenAI, une entité lucrative. Le milliardaire aurait eu les yeux plus gros que le ventre.

2018 : l’inévitable séparation avec Elon Musk

Début 2018, le dirigeant de SpaceX et de Tesla annonçait ses envies à ses associés : il souhaitait rester actionnaire majoritaire d’OpenAI, tout en étant le PDG de l’entreprise. « Nous ne pouvions pas nous mettre d’accord sur des conditions à but lucratif avec Elon parce que nous estimions qu’il était contraire à la mission qu’un individu ait un contrôle absolu sur OpenAI, » indique la société.

Dans une tentative désespérée de prendre le contrôle de l’entreprise, Elon Musk aurait suggéré de fusionner OpenAI avec Tesla. L’homme d’affaires aurait envoyé un mail, expliquant que selon lui, « l’option la plus prometteuse serait qu’OpenAI s’attache à Tesla comme vache à lait ». Suite au refus du board de la firme, Elon Musk a décidé de quitter l’aventure OpenAI. Fin 2018, le milliardaire envoyait un ultime message à ses anciens associés, leur assurant qu’il leur fallait plusieurs milliards par an pour assouvir leurs ambitions.

Un conseil qu’a entendu Sam Altman puisque début 2023 Microsoft investissait 13 milliards de dollars dans OpenAI. « Nous sommes tristes d’en arriver là avec quelqu’un que nous admirons profondément, quelqu’un qui nous a incités à viser plus haut, puis nous a dit que nous allions échouer, a lancé de son côté un concurrent, puis nous a poursuivis en justice lorsque nous avons commencé à faire des progrès significatifs nos objectifs initiaux, sans lui, » concluent les fondateurs.