La brouille entre Elon Musk et OpenAI passe un cap. Le milliardaire a déposé une plainte contre l’entreprise devant un tribunal de San Francisco ce jeudi 29 février. Il reproche au champion de l’intelligence artificielle d’avoir rompu son contrat initial du fait de son alliance avec Microsoft.

Elon Musk n’a toujours pas digéré la rupture

Dans sa biographie consacrée à Elon Musk, Walter Isaacson évoque une dispute datant de 2013 avec Larry Page autour de l’intelligence artificielle. Le cofondateur de Google aurait traité celui de SpaceX de « spéciste » à cause de ses craintes d’une disparition de l’humanité liée à l’IA.

Depuis cet épisode, Elon Musk a d’abord tenté d’empêcher Google de racheter la prometteuse start-up en IA DeepMind. Un échec qui a amené le milliardaire à cofonder une organisation à but non lucratif, OpenAI. Initiative menée en 2015 avec Sam Altman et Greg Brockman, respectivement directeur général et président de la société.

Les deux hommes sont personnellement visés par la procédure lancée par Musk. Il les accuse d’avoir trahi le projet initial d’OpenAI. L’organisation a été pensée comme une sorte d’anti-Google, avec la promesse suggérée par son nom, publier ses travaux et ses services librement « pour le bénéfice de l’humanité » selon un mail d’époque opportunément déterré.

Elon Musk a quitté le conseil d’administration d’OpenAI en 2018, désapprouvant la création par Sam Altman d’une branche lucrative. Un an plus tard, celle-ci est créée et Microsoft commence à investir, 13 milliards de dollars au total. Entre 2015 et 2020, Musk a donné 44 millions de dollars.

Pour les avocats du milliardaire « OpenAI a été transformée en une filiale de facto à source fermée de la plus grande entreprise technologique au monde : Microsoft ». Satya Nadella et Brad Smith, dirigeants de Microsoft, répètent à l’envi que la société ne contrôle pas OpenAI, néanmoins des enquêtes ont été ouvertes sur ce sujet par la Commission européenne, les États-Unis et au Royaume-Uni.

OpenAI : intelligence artificielle générale ou pas ?

La question de l’intelligence artificielle générale (IAG) sera au cœur des débats à venir, s’il y en a. Comme le dénonce la plainte « À ce jour, le site Web d’OpenAI continue de prétendre que sa charte est de garantir que l’IAG ‘bénéficie à l’ensemble de l’humanité’ ».

L’IAG c’est une IA qui égale ou surpasse les capacités d’un humain. OpenAI, malgré sa branche lucrative, affiche toujours la volonté d’offrir une éventuelle IAG à tout le monde si elle est développée. Pour le moment elle dit ne pas en être là.

Position avec laquelle Elon Musk est en désaccord. GPT-4 sorti en mars 2023 en serait à ce stade. Q*, un projet en cours plus puissant que la dernière version de GPT est également concernée. Les avocats du plaignant considèrent que le conseil d’administration d’OpenAI n’a pas les capacités de juger si une IA est générale ou non.

Dans la poursuite figure une demande d’ordonnance imposant à rendre publiques ses recherches et ses technologies au plus grand nombre. Une ouverture dont pourrait bénéficier, au hasard, xAI, la société d’IA d’Elon Musk.