Nouvelle affaire pour Elon Musk, cette fois dans le pays le plus peuplé d’Amérique du Sud. Un membre de la Cour suprême du Brésil a ouvert une enquête contre lui pour « incitation au crime » et « obstruction à la justice ». Tout a commencé samedi 6 avril, quand le milliardaire a attaqué un juge sur X, anciennement Twitter, réseau social dont il est le propriétaire.

Elon Musk s’oppose à un ordre de la Cour suprême

Le juge en question se nomme Alexandre de Moraes. L’homme s’est fait connaître pour sa lutte contre la désinformation. Il est à l’origine de plusieurs blocages de comptes de personnalités ces dernières années sur les réseaux sociaux. Nombre d’entre eux – certains appartenant à des élus – se sont révélés être supporteurs de l’ancien président, Jair Bolsonaro. Alexandre de Moraes est régulièrement la cible de ses partisans, alors qu’il préside le Tribunal supérieur électoral, instance qui a proclamé l’inéligibilité de l’ancien dirigeant en juin 2023 pour désinformation sur le système électoral brésilien.

Récemment, la Cour suprême, le juge Moraes en tête, a ordonné la suppression de plusieurs comptes sur X. Samedi dernier, dans un message sur la plateforme, Elon Musk a fustigé cette décision. Si X s’est initialement conformé à la décision, le milliardaire a finalement annoncé lever les restrictions imposées par la justice. « Nous allons probablement perdre tous nos revenus au Brésil et devoir fermer nos bureaux là-bas. Mais les principes sont plus importants que le profit », a-t-il déclaré.

Elon Musk a ensuite fait du Elon Musk. Le dimanche, il en a remis une couche, appelant à la destitution ou à la démission du juge Moraes. Il l’accuse d’avoir « trahi de façon effrontée et réitérée la constitution et le peuple du Brésil ». La Cour suprême a alors réagi, en lançant une enquête contre l’homme d’affaires pour « incitation au crime » et « obstruction à la justice ».

Ce dernier a également été ajouté à la liste des potentielles « milices numériques ». Elle désigne un groupe de personnes possiblement proches de Jair Bolsonaro et soupçonné d’être derrière les campagnes de désinformations durant son mandat.

Les États-Unis s’en mêlent

Alexandre de Moraes a aussi rappelé que chaque compte réactivé par X sera accompagné d’une amende de 13 300 euros. Lundi 8 avril, Elon Musk est revenu à la charge, en proposant au juge un débat public, ajoutant : « comment Alexandre de Moraes est-il devenu le dictateur du Brésil ? Il tient Lula en laisse. Il devrait être jugé pour ses crimes ».

Aucune information n’a été donnée sur les comptes concernés par la demande de suspension de la Cour suprême. Il fait toutefois peu de doutes qu’une grosse partie concerne des partisans de Jair Bolsonaro, dont certains ayant participé aux émeutes du 8 janvier dernier, lors de l’assaut du Congrès, de la Cour suprême et du palais présidentiel du pays. Elon Musk a affirmé que des journalistes seraient également concernés.

Plus tôt cette semaine, X a reçu une demande de renseignements venant de la Chambre des représentants des États-Unis « concernant des actions entreprises au Brésil qui étaient en violation de la loi brésilienne », selon le propriétaire de la plateforme.

Ce dernier a par ailleurs reçu le soutien de personnalités ultra-conservatrices et d’extrême droite. Jair Bolsonaro, lui, a affirmé que « Elon Musk est notre salut, notre démocratie est en danger ». La plupart des observateurs s’accordent aujourd’hui pour dire que cette affaire donne de l’eau au moulin de l’extrême droite brésilienne. Certaines thématiques et théories, comme celle d’une dictature du système judiciaire, en perte de vitesse, semblent revenir sur le devant de la scène.

De leur côté, des utilisateurs de X craignent l’interdiction de la plateforme dans le pays. Rien de tel ne semble envisagé, mais ce n’est pas à écarter. Par le passé, les juges brésiliens ont déjà interdit Telegram et WhatsApp, pour cause de désinformation notamment. Deux plateformes bien plus importantes au Brésil que X.