Il était un peu moins de 5 heures, le 5 mars, lorsque l’usine de Tesla ainsi que quelques localités à une trentaine de kilomètres de Berlin ont été privées d’électricité. Un pylône électrique a été incendié. Un groupuscule d’extrême gauche a publié un long texte de revendication, très détaillé, dans la journée, les autorités ont annoncé une enquête et Tesla anticipe ses pertes financières.

Tesla Berlin ne sait pas quand son activité va reprendre

L’usine de Grünheide est la seule Gigafactory de Tesla en Europe. 6 000 véhicules sont fabriqués par les 12 500 salariés sur un terrain de 300m2. L’ampleur du site explique l’estimation du manque à gagner à « neuf chiffres » livrés aux médias allemands par André Thierig, directeur général du site. Manifestement fatigué, ce dernier a rapporté n’avoir « pas de visibilité sur quand la production pourra reprendre », cela ne devrait pas être avant la semaine prochaine.

Le directeur général a rappelé que ce n’est pas la première fois que son usine est touchée par un incendie criminel sur son installation électrique : cela arriva en 2021, lors de la construction de l’installation. Elle est entrée en service un an plus tard. Déjà à l’époque une organisation se présentant comme le Vulkan Gruppe l’avait revendiqué.

Peu connu d’après le Financial Times, Vulkan Gruppe a justifié son action de plusieurs façons. La première est écologiste, « L’usine contamine les eaux souterraines et utilise d’énormes quantités d’eau potable, déjà rare, pour ses produits ». En plus de l’eau, les militants mentionnent l’accaparement des terres.

La gigafactory près de Berlin consommerait effectivement environ 1,8 million de m3 par an selon Reporterre. Des négociations avec le land de Brandebourg, celui de l’usine, pour un agrandissement de 100 hectares impliquant de défricher une forêt.

Le projet qui mènerait l’usine à une production d’un million de voitures à l’année est localement très contesté. Les habitants de Grünheide l’ont rejeté aux deux tiers lors d’un vote non contraignant. Des militants écologistes occupent les arbres menacés. Selon la presse allemande, ils se seraient désolidarisés de l’incendie du pylône.

Directement mis en cause, Elon Musk répond

Le groupuscule mentionne aussi des « conditions extrêmes d’exploitation » et du 8 mars, journée internationale du droit des femmes, « Parce que la destruction complète de la Gigafactory et avec elle l’élimination des « technofascistes » comme Elon Musk sont une étape sur la voie de la libération du patriarcat ».

Longuement mis en cause, notamment comparé à Henry Ford, connu pour ses affinités avec les idées nazies, le milliardaire a répondu sur X. Dans son style bien à lui « Ce sont soit les écoterroristes les plus stupides de la planète, soit les marionnettes de ceux qui n’ont pas de bons objectifs environnementaux ».

Les autorités du land de Brandebourg ont aussi vivement réagi. Dietmar Woidke, ministre-président social-démocrate de Brandebourg évoque une « forme de terrorisme » avant de développer, « Il s’agit évidemment d’une attaque grave contre nos infrastructures critiques avec des conséquences pour des milliers de personnes ainsi que pour de nombreuses petites et grandes entreprises dans notre pays ». Le ministre de l’Intérieur de la région, Michael Stügen a averti que l’acte « aura des conséquences ». Les investigations ont été confiées au Bureau national allemand des enquêtes criminelles.