Alors qu’Atos connaît de grandes difficultés, le groupe a opéré un nouveau remaniement. Ce lundi, l’ancienne pépite de l’informatique français a nommé son directeur financier, Paul Saleh, au poste de directeur général du groupe. Ce revirement survient quelques jours avant des réunions cruciales avec les banques.
Yves Bernaert, trois petits mois et puis s’en va…
L’arrivée de Paul Saleh aura eu raison d’Yves Bernaert. L’ancien directeur des activités européennes d’Accenture avait été choisi début octobre pour occuper le poste de directeur général du groupe. Le conseil d’administration d’Atos lui avait donné la lourde charge de piloter son plan de restructuration qui connaissait déjà quelques déboires.
Inscrivez-vous à la newsletter
En vous inscrivant vous acceptez notre politique de protection des données personnelles.
Celui-ci consistait à scinder l’entreprise en deux nouvelles entités. La première Tech Foundations (TFCo), qui reprend les activités historiques d’infogérance de la firme. La seconde, Eviden, qui regroupe ses activités de supercalculateurs, d’informatique quantique, de cloud et de cybersécurité.
Malgré toute la motivation d’Yves Bernaert, son manque d’expérience dans le secteur lui aurait porté préjudice. Dans le communiqué d’Atos, l’ancien directeur général précise qu’il quitte la société « en raison d’une différence de point de vue sur la gouvernance pour ajuster et exécuter la stratégie ».
Jean-Pierre Mustier, président du conseil d’administration d’Atos, a présenté le nouveau directeur général du groupe, Paul Saleh. Il considère qu’il « est la bonne personne pour diriger Atos pendant cette période de transformation, alors que nous prenons des mesures décisives et rigoureuses pour assurer la viabilité à long terme de notre entreprise, dans l’intérêt de nos 105 000 employés, de nos clients et de nos investisseurs ». Au poste de directeur financier, l’entreprise a décidé de nommer Jacques-François de Prest, l’ancien directeur financier et de la performance de Mobivia.
L’accord crucial entre Atos et Daniel Kretinsky est en péril
Le remaniement intervient dans un contexte où la cession de TFCo à Daniel Krestinsky pourrait bien être compromise. Atos avait décidé de vendre contre 2 milliards d’euros, ses activités d’infogérance au fonds d’investissement du milliardaire tchèque, EPEI, qui, en parallèle, aurait dû récupérer 7,5 % du capital d’Eviden.
L’opération a généré des tensions en interne avec des vives critiques de part des actionnaires minoritaires. En parallèle, des parlementaires sont même allés demander la nationalisation du temporaire du groupe. Sous le feu des critiques, Bertrand Meunier, l’ancien président du conseil d’administration du groupe, a démissionné, remplacé par l’un des membres du board, Jean-Pierre Mustier.
Alors que Daniel Kretinsky et Atos avaient engagé des discussions pour renégocier l’accord autour du rachat TFCo et de la prise d’une partie du capital d’Eviden, celles-ci n’auraient toujours pas abouti. Selon Les Echos, les chances qu’ill puisse se réaliser sont très faibles, une source allant même préciser qu’il n’existe qu’une chance sur dix pour que TFCo passe sous le giron du milliardaire tchèque. Cette semaine, une réunion est programmée entre Jean-Pierre Mustier et Daniel Kretinsky. Un face-à-face aux allures de rendez-vous de la dernière chance.
Outre la cession de TFCo, Atos doit faire face à une dette brute conséquente : environ 5 milliards d’euros, dont 2,2 milliards de prêts bancaires et de billets de trésorerie. 1,5 milliard de dollars doivent être remboursés d’ici un an. À la recherche de liquidités, la société envisage de céder sa branche Big Data & Security (BDS) regroupant ses activités de cybersécurité. Airbus serait sur les rangs pour la récupérer, tandis que Thalès s’est montré prêt à intervenir. Une phase d’audit d’acquisition a été lancée, et celle-ci pourrait bien aboutir à la formulation, par le géant européen de l’aéronautique, d’une offre comprise entre 1,5 et 1,8 milliard d’euros.
Marquant son arrivée dans un groupe en crise, Paul Saleh aura « pour priorités le refinancement des dettes financières du groupe et les négociations en cours ou à venir, concernant notamment la cession de l’activité Tech Foundations à EPEI et l’activité Big Data & Security (BDS) à Airbus, » souligne Atos dans son communiqué.