Au sein de l’Assemblée nationale, plusieurs députés de tous bords politiques ont manifesté leur désapprobation vis-à-vis du rachat des activités historiques d’Atos par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Ils appellent à une nationalisation de l’entreprise, qui permettrait, selon eux, de mieux gérer son avenir après trois années compliquées.
Deux projets portés par des députés dans le but de nationaliser Atos
Pour justifier leurs inquiétudes, les députés n’ont pas hésité à mettre en avant les résultats d’Atos en Bourse. Alors qu’il valait 8 milliards d’euros début 2021, Atos en vaut moins de 500 millions aujourd’hui. Ce 23 octobre, l’action de l’ESN française a de nouveau chuté de 13 %. Une baisse qui s’explique par les vifs débats au sein de l’Assemblée nationale sur de la situation de la société.
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Pour redresser la barre du géant français de la tech, deux amendements parlementaires inclus dans le projet de loi de finance pour 2024 ont été proposés. Le premier a été déposé par Olivier Marleix, chef du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale. Celui-ci consiste à injecter 500 millions d’euros dans le but de nationaliser Atos. « On voudrait davantage de débats publics autour de l’avenir d’Atos. On ne peut pas faire comme si ce n’était pas un enjeu de souveraineté et d’indépendance nationale », explique le député aux Echos.
Le second amendement porté par Philippe Brun, député français affilié à la NUPES, consacre 390 millions d’euros pour une nationalisation temporaire de certaines activités d’Atos, notamment celles liées au big data et à la sécurité. « Des activités aussi stratégiques que les supercalculateurs pour notre arme nucléaire, les systèmes d’intégration de défense ou encore la cybersécurité pourraient passer sous pavillon étranger, » précise le parlementaire sur X.
Mercredi, je proposerai à la commission des finances de l'Assemblée la nationalisation temporaire des activités "souveraines" du groupe ATOS, actuellement en cours de démantèlement – à dérouler🧵⬇️ pic.twitter.com/SGVFYzFBc4
— Philippe Brun (@p_brun) October 22, 2023
Toutefois, aucun de ces deux projets ne verra le jour si la Première ministre active un recours à l’article 49-3 pour faire passer la loi de finance sans la modifier. À cet égard, l’avis du groupe Renaissance sur ces amendements sera décisif.
Daniel Kretinsky veut racheter les activités historiques d’Atos, mais il ne fait pas l’unanimité
Conscient que son projet de rachat ne fait pas l’unanimité, le milliardaire a déjà cherché à rassurer les parlementaires en août dernier. « Nous n’accroîtrons pas notre part dans Eviden au-delà du seuil annoncé et nous ne jouerons aucun rôle actif de quelque nature que ce soit et moins encore exercerons de contrôle sur cette entité, » déclarait Daniel Kretinsky.
Présenté en juin 2022, le projet de restructuration d’Atos a aussi provoqué beaucoup de remous en interne. Il vise à séparer les activités historiques d’infogérance de l’entreprise, Tech Foundations (TFCo), de celles liées à aux supercalculateurs, l’informatique quantique, au cloud computing et à la cybersécurité, baptisée Eviden. Plusieurs actionnaires minoritaires jugent que ce projet de scission est en réalité un projet de cession, ce qu’ils ne cautionnent pas.
Après plus d’un an de tentatives pour trouver un nouvel actionnaire majoritaire pour TFCo, Daniel Kretinsky s’est positionné pour acquérir l’entité valorisée à 2 milliards d’euros pour l’occasion. En parallèle, l’homme d’affaires tchèque va investir dans Eviden à hauteur de 217,5 millions d’euros et ainsi contrôler 7,5 % de son capital.