Bertrand Meunier, président du conseil d’administration d’Atos, a démissionné durant le week-end du 14 et 15 octobre. Jean-Pierre Mustier, également membre de ce même conseil d’administration, vient d’être introduit à ce poste, à sa place. Cette annonce survient alors que le projet de restructuration de l’entreprise est vivement contesté, et même entachés de polémiques.

Un plan de restructuration très critiqué, qui aura eu raison de Bertrand Meunier

Depuis plusieurs semaines, les actionnaires minoritaires d’Atos expriment leur mécontentement quant à la restructuration de l’entreprise. Alors que Bertrand Meunier leur avait assuré qu’il s’agissait d’un projet de scission, les membres de l’Union des actionnaires d’Atos constructifs (Udaac) considèrent qu’il leur a menti et qu’il souhaitait mener un projet de cession.

Le plan d’Atos consiste à scinder le groupe en deux. Une première entité baptisée Tech Foundations (TFCo) regroupe les activités d’infogérance du groupe, celles qui ont fait sa renommée. Le reste de ses activités, celles liées aux supercalculateurs, l’informatique quantique, au cloud computing et à la cybersécurité ont fusionné dans une seconde entité. À cette occasion, Atos se renommera Eviden. En parallèle, cette nouvelle structure prévoit une augmentation de capital d’un montant de 900 millions d’euros.

En août 2023, après plus d’un an de tentatives pour trouver un nouvel actionnaire majoritaire pour TFCo, Daniel Kretinsky se positionne pour acquérir l’entité via son fonds d’investissement. L’homme d’affaires tchèque va également investir dans Eviden à hauteur de 217,5 millions d’euros et ainsi contrôler 7,5 % de son capital.

Entre les plaintes à son encontre, et la pression mise par l’Udaac, Atos ne sait plus où donner de la tête

Pour l’Udaac, les opérations menées par le milliardaire tchèque lui sont trop favorables. Lors de l’annonce de ce rachat, TFCo avait été valorisé à 2 milliards d’euros. Depuis le 1er août, le cours de l’action d’Atos a baissé de moitié, l’entreprise ne valant plus que 544 millions d’euros. Pour Ciam et Alix AM, deux actionnaires minoritaires de la société, Atos a dépassé les bornes.

Chacun de leur côté, ils ont décidé de porter plainte contre l’entreprise devant le parquet national financier. La première plainte vise justement Bertrand Meunier, pour « diffusion d’informations fausses ou trompeuses ». La seconde accuse Atos de corruption active et passive, Alix AM considérant qu’il n’a pas obtenu d’informations administratives du groupe depuis près de trois ans. Par ailleurs, l’Udaac a alerté l’Autorité des marchés financiers qui a sommé Atos de clarifier plusieurs points de son plan de restructuration, selon les informations du Monde.

Début octobre, Atos avait désigné un nouveau directeur général, Yves Bernaert. L’ancien dirigeant des activités européennes d’Accenture a eu pour mission de piloter cette scission, et de l’entériner une bonne fois pour toutes. Visiblement, son arrivée n’aura pas réussi à apaiser les tensions. La finalisation du projet a été reportée au « début du 2e trimestre 2024 » selon un communiqué d’Atos, alors qu’elle était prévue pour le premier trimestre de l’an prochain.