Le fonds activiste CIAM, actionnaire minoritaire d’Atos, a déposé une plainte auprès du Parquet national financier (PNF). Il estime que « le marché a été très régulièrement trompé » par la direction du groupe autour du projet de scission de ses activités.

Le projet de restructuration d’Atos au cœur des préoccupations

La plainte déposée par CIAM vise tout particulièrement Bertrand Meunier, président du conseil d’Administration d’Atos, pour « diffusion d’informations fausses ou trompeuses ». Une plainte contre X avec le même motif a aussi été déposée par le fonds activiste. Elle suit celle d’Alix AM, également actionnaire minoritaire de la société, déposée le 22 septembre devant le PNF. Ici, l’ESN est accusée de corruption active et passive.

En juin 2022, Atos présentait son projet de scission. Il consistait à séparer sa division Tech Foundations (TFCo) regroupant ses activités historiques liées à l’infogérance, de celles en lien avec les supercalculateurs, l’informatique quantique, le cloud computing et la cybersécurité. Pour l’occasion, ces quatre dernières activités ont fusionné pour devenir Eviden.

Toutefois, CIAM qui possède un peu moins de 1 % du groupe, accuse Atos d’avoir fait « volte-face sur le projet de scission initial, transformant scission en cession ». À l’occasion d’une assemblée générale s’étant tenu le 28 juin 2023, Atos aurait assuré à ses actionnaires qu’il s’agissait bien d’un projet de scission et non de cession. Selon le hedge fund, Bertrand Meunier aurait utilisé des « termes trompeurs pour évoquer les conditions de cession et d’absence d’unanimité au conseil ».

Après de nombreux déboires, Atos a convaincu Daniel Kretinsky d’acquérir TFCo via son fonds d’investissement en août 2023. Le fonds CIAM s’est alors étonné de cette nouvelle, se demandant pourquoi Atos prévoyait deux « augmentations de capital massives pour un montant total de 900 millions d’euros ». Une opération qui serait contraire aux propos tenus par Bertrand Meunier en juin dernier.

Les actionnaires minoritaires s’unissent pour faire échouer le projet de cession de Tech Foundations

Outre ces accusations, Atos va devoir également prouver qu’aucun acte de corruption n’est lié à son projet de restructuration. Le fonds Alix AM accuse la direction d’Atos « d’opacité ». L’actionnaire minoritaire se demande, entre autres, pourquoi le groupe ne lui a pas fourni au cours des trois dernières années, des informations autour des honoraires versés aux banques, avocats, et cabinets de conseils qu’il a sollicité. La rémunération des cadres dirigeants et des membres du conseil d’Administration est également au centre des débats.

Arrivé au début du mois d’octobre comme nouveau directeur général du groupe, Yves Bernaert aura fort à faire pour entériner la scission de l’ESN. D’autres actionnaires minoritaires d’Atos, représentant entre 2 et 2,5 % du capital, se sont réunis dans le cadre d’une association, l’Union des actionnaires d’Atos constructifs (Udaac). Ensemble, ils souhaitent proposer un « plan stratégique alternatif » sans cession.

En septembre, le Conseil d’Administration de la firme avait répondu aux critiques de ses actionnaires. « La critique systématique, injustifiée de la société et sa médiatisation orchestrée lui portent préjudice » jugeait Atos, assurant qu’elle n’hésiterait pas « à saisir les juridictions compétentes pour faire sanctionner toutes les manœuvres visant à la déstabiliser ».