Après avoir arrêté les discussions avec le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et Aribus, Atos reste à la recherche de nouvelles solutions face à un navire qui semble à la dérive. « Pendant deux ans, cette séparation a coûté très cher et a conduit à une désorganisation totale de l’entreprise et crée énormément de disynergies », déplore dans un entretien accordé au Figaro, publié ce 25 mars, David Layani, premier actionnaire de l’ESN française avec 11,4 % des parts.
L’homme qui est également PDG de OnePoint, une entreprise spécialisée dans la transformation numérique, veut mettre le holà sur le découpage et la cession d’Atos au profit d’un plan de refinancement. « Si on ne se base pas maintenant sur une solution industrielle qui préserve la totalité de l’actif, c’est le chaos et la fin d’Atos. BDS est une pépite. Ce n’est pas au moment où l’on doit se réinventer et repartir qu’il faut vendre ses bijoux de famille », soutient-il.
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La déclaration fait écho aux négociations avec Airbus qui concernaient uniquement la vente des activités de cybersécurité de la branche Big Data & Security (BDS) d’Atos. Et au plan de Bercy de constituer « dans les prochaines semaines une solution nationale de protection des activités stratégiques », comme celles de BDS qui comprennent tout un champ dédié aux supercalculateurs, indispensables au programme de dissuasion nucléaire français et à la gestion du parc nucléaire d’EDF.
« La souveraineté, cela ne se découpe pas. Chez Atos, elle est partout et pas seulement dans le BDS. La souveraineté concerne le nucléaire, l’énergie, les données des Français, notamment en matière de santé, et une grande partie des données du CAC 40. » David Layani souhaite ainsi conserver Atos sous sa forme actuelle. Il se propose de prendre le contrôle du groupe, soulignant pouvoir s’appuyer sur l’expertise de son autre entreprise, OnePoint.
Atos ne s’est pas encore prononcé
« Le nouvel One Atos est la meilleure réponse à la préoccupation légitime de Bruno Le Maire en matière de souveraineté […] Onepoint, notamment à travers sa filiale défense-sécurité, traite déjà de sujets sensibles auprès de nos armées et de ministère de l’Intérieur. Onepoint est une société française créée par des Français, avec un capital quasi exclusivement français, détenu par son fondateur et les salariés. Onepoint est la seule solution souveraine pour l’ensemble d’Atos », soutient David Layani.
Qui n’oublie pas le défi de redresser la barre d’un groupe dans la tourmente depuis près de deux ans et qui doit rembourser 3,65 milliards d’euros de dettes bancaires et obligataires d’ici la fin de l’année 2025. « Les créanciers vont faire un effort et les actionnaires vont devoir mettre de l’argent », soutient-il avant de préciser : « la chance d’Atos, c’est qu’il y a un premier actionnaire avec 11 % du capital, qui est prêt à participer au côté des créanciers à une solution de recapitalisation ».
À voir si cela aboutit. Pour le moment, Atos n’a pas réagi à la déclaration. « La société prend note des propos tenus par David Layani, le représentant de son actionnaire Onepoint. Ces propos n’engagent pas la société et son Conseil d’administration. Le plan de Onepoint n’a pas été présenté au Conseil d’administration de la société qui, si et quand il le sera, pourra l’analyser et communiquer en temps voulu sur sa position ».