Dans le cadre d’une interview accordée aux Echos ce lundi, Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, est revenu sur le dossier Atos. Le groupe, en très grande difficulté, pourra compter sur le gouvernement qui « utilisera tous les moyens à sa disposition pour préserver les activités stratégiques » de l’entreprise.
Bruno Le Maire veut sauver l’ex-fleuron de l’informatique français
Le 5 février, Atos annonçait qu’il cherchait à refinancer sa dette, continuant de discuter avec ses banques. Afin de les rassurer, l’ex-fleuron de l’informatique français n’a eu d’autre choix que de solliciter la désignation d’un mandataire ad hoc, un tiers indépendant qui aura pour mission d’assister la société dans ses discussions, afin de converger vers une solution financière adéquate.
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Devant cette situation, Bruno Le Maire a tenu à rappeler que « nous ne laisserons pas tomber les activités industrielles d’Atos qui représentent des dizaines de milliers d’emplois ». En tout, l’entreprise salarie 110 000 personnes à travers le monde, dont 10 000 dans l’hexagone. Pour la France, Atos reste important puisqu’il est le seul constructeur européen de supercalculateurs, des machines très utiles pour la formation de modèles d’intelligence artificielle (IA), le développement de la fusion nucléaire ou l’analyse de données génomiques en santé.
Aussi, le locataire de Bercy a précisé que « l’État utilisera tous les moyens à sa disposition pour préserver les activités stratégiques d’Atos ». Ici, Bruno Le Maire fait référence à la branche Big Data & Security (BDS) du groupe, qui regroupe les activités en lien avec la cybersécurité et les supercalculateurs, son fer de lance en quelque sorte.
Au début du mois de janvier, Atos annonçait qu’il envisageait de céder BDS à Airbus, qui serait prêt à formuler une offre comprise entre 1,5 et 1,8 milliard d’euros. Une somme conséquente qui permettrait à Atos d’obtenir des liquidités en vue du remboursement d’une partie de sa dette de plus de 5 milliards d’euros. Thalès est aussi montré intéressé par le deal. Néanmoins, depuis cette annonce, aucune information n’a été apportée quant à un éventuel rachat de BDS par le géant européen de l’aéronautique ou par le groupe d’électronique français.
Le gouvernement suit le dossier Atos de très près
Selon Les Echos, Bercy serait favorable à une telle opération. En effet, elle permettrait à cette branche qui regroupe des activités sensibles, de rester sous pavillon français, BDS jouant un rôle non négligeable dans la dissuasion nucléaire française. En novembre dernier, Bruno Le Maire adoptait la même position, souhaitant s’assurer que les activités histoires d’Atos restent sous pavillon français. Le ministre faisait alors référence au projet de vente de TechFoundations (TFCo) à EPEI, le fonds d’investissement de Daniel Kretinsky contre 2 milliards d’euros.
Concernant ce projet, celui-ci est au point mort. Par ailleurs, le groupe a acté l’abandon de l’augmentation de capital d’Eviden, l’entité regroupant les activités de supercalculateurs, d’informatique quantique, de cloud et de cybersécurité d’Atos. Elle aurait dû permettre au milliardaire tchèque de s’octroyer 7,5 % du capital d’Eviden, pour un montant de 217,5 millions d’euros. Malgré tout, Jean-Pierre Mustier, président du comité d’administration d’Atos, compterait sur une « réunion de la dernière chance » avec Daniel Kretinsky pour finaliser la cession de TFCo, ou du moins, une partie de ses activités.
Outre cela, Bruno Le Maire assure que son ministère est en contact régulier avec le Comité Interministériel de Restructuration Industrielle (CIRI), un organisme qui aide les entreprises en grande difficulté financière. Le CIRI a récemment participé à une réunion entre Atos et les banques créancières. Bien que le ministre ait affirmé qu’il suivait ce dossier « très attentivement », le gouvernement attend de voir si la nomination du mandataire ad hoc porterait ses fruits avant d’intervenir concrètement.