Devant la Commission des Affaires économiques du Sénat, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a déclaré le 15 novembre qu’il veillerait « avec fermeté » sur le sort des activités historiques d’Atos, liées à l’infogérance, regroupées dans l’entité TechFoundations (TFCo). Il souhaite que TFCo reste « sous contrôle exclusif de la France ».
Les parlementaires et Bruno Le Maire n’excluent pas la nationalisation d’Atos
Dans le cadre de son plan de restructuration, le géant français de l’informatique décidait, en août dernier, de céder TFCo à Daniel Kretinsky. Une branche valorisée pour l’occasion à 2 milliards d’euros. Le conseil d’administration s’est satisfait de cette décision. Elle devait permettre de finaliser les changements en cours au sein de l’entreprise et de se focaliser sur les activités qui l’intéresse, celles en lien avec la big data, la cybersécurité, et les supercalculateurs, regroupés dans une nouvelle entité baptisée Eviden.
Inscrivez-vous à la newsletter
En vous inscrivant vous acceptez notre politique de protection des données personnelles.
Contrairement à la direction de la société, de nombreux parlementaires se sont indignés du rachat de TFCo par Daniel Kretinsky. Ils considèrent que la France pourrait perdre un de ses fleurons technologiques. Pour eux, les supercalculateurs de l’entreprise utilisés pour le calcul des essais nucléaires virtuels pourraient tomber entre les mains d’acteurs étrangers. L’homme d’affaires tchèque, réputé francophile, a tenté de les rassurer, affirmant vouloir respecter la souveraineté nationale.
Malgré ces engagements, plusieurs parlementaires continuent d’avoir des réticences autour des intentions réelles de Daniel Kretinsky. Deux députés ont porté des projets de nationalisation. Le premier, déposé par Olivier Marleix, chef du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, consiste à injecter 500 millions d’euros pour faire entrer Atos dans le giron de l’État. Le second, suggéré par Philippe Brun, député français affilié à la NUPES, prévoit 390 millions d’euros pour une nationalisation temporaire de certaines activités d’Atos, notamment celles liées au big data et à la sécurité.
Bruno Le Maire a été entendu sur cette situation tendue. Le ministre a évoqué la possibilité d’utiliser le décret sur les investissements étrangers dans l’hexagone, « pour m’assurer que le capital d’Atos sur les activités stratégiques reste sous contrôle exclusif de la France ».
Alors qu’Atos semblait en bonne forme économique, sa valeur a nettement baissé, au point de devenir déficitaire et lourdement endettée en un an et demi. En interne, le plan de scission a largement été critiqué, notamment par ses actionnaires minoritaires qui se sont regroupés dans une association, l’Union des actionnaires d’Atos constructifs (Udaac). Ensemble, ils souhaitent proposer un « plan stratégique alternatif », sans cession.
Un nouvel acteur est entré dans la danse durant les dernières semaines. Onepoint, qui s’était déjà manifesté pour reprendre une partie des activités d’Atos par le passé, est devenu l’actionnaire principal du groupe, possédant 9,9 % de son capital. L’entreprise française avait déclaré que « cette prise de participation intervient dans le cadre du projet de réorganisation en cours de la société, et de sa nouvelle gouvernance, et conforte la dimension stratégique des activités d’Atos ».