Le 1er août dernier, Atos a annoncé être en discussion avec le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky pour lui vendre ses activités historiques (cybersécurité et cloud). Cette possible vente a inquiété plusieurs parlementaires français considérant que cela pourrait compromettre l’indépendance de la dissuasion nucléaire de la France. L’acheteur a rapidement rassuré en déclarant vouloir rester un actionnaire « passif » et « minoritaire ».

« Le loup dans la bergerie »

82 sénateurs et députés du parti Les Républicains ont signé, le 3 août, une tribune dans Le Figaro. Ils alertent sur la cession des activités d’Atos à Daniel Kretinsky. Selon eux, cette vente pourrait faire tomber sous contrôles étrangers les superordinateurs utilisés pour le calcul des essais nucléaires virtuels. « Depuis l’arrêt des essais nucléaires, notre pays est exposé au risque de dépendance des supercalculateurs [NDLR : notamment ceux d’Atos depuis 2014] puisque les simulations sont désormais indispensables à la mise au point des armements stratégiques », a écrit le groupe dirigé par le sénateur Cédric Perrin, vice-président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat.

Les parlementaires ont regretté que l’offre du consortium des sociétés françaises Astek et ChapsVision n’ait pas été retenue. « ​​Le groupe Astek s’est rapproché pour l’occasion du français ChapsVision pour présenter une offre de sauvetage commune. […] Hélas, les conseillers du président d’Atos semblent avoir refusé d’ouvrir le moindre dialogue avec les Français et le gouvernement malgré de nombreuses demandes refuserait de considérer cette offre! Pourquoi? » ont-ils déploré.

Ils ont mis en garde sur la volonté et les futures actions de l’acheteur tchèque, « L’hypothèse de voir un acteur étranger si puissant, s’approcher de nos capacités militaires ultrasensibles, mérite toute notre attention, d’autant plus qu’il n’est pas un habitué du domaine des technologies de l’information et de la communication ». Le sénateur Cédric Perrin en rajoute en déclarant « On fait entrer le loup dans la bergerie ».

Daniel Kretinsky affirme vouloir respecter la souveraineté nationale

Daniel Kretinsky n’a pas tardé à réagir par le biais de son porte-parole. Il a assuré à Reuters vouloir maintenir une participation « minoritaire » et « passive » dans le groupe français. « Nous n’accroîtrons pas notre part (dans Eviden) au-delà du seuil annoncé et nous ne jouerons aucun rôle actif de quelque nature que ce soit et moins encore exercerons de contrôle », a-t-il ajouté.

Le milliardaire tchèque a tout de même confirmé son objectif de s’inscrire sur le long terme dans la division Tech Foundation, le nouveau nom de la partie historique d’Atos. Il a également reconnu que les inquiétudes des législateurs étaient « légitimes », mais qu’elles se reposent « sur une hypothèse qui ne se vérifiera pas ». « Nous comprenons parfaitement l’importance stratégique des services d’Eviden pour la France et nous entendons respecter absolument la souveraineté nationale en cette matière », a-t-il conclu.