Le géant français des médias, Vivendi, a annoncé, ce mardi 14 mars, entrer en « négociations exclusives » avec International Media Invest (IMI), filiale de CMI détenue par le milliardaire Daniel Kretinsky, en vue de la cession à 100 % d’Editis. Il y a un an, l’autorité européenne de la concurrence avait exigé la vente du deuxième éditeur français, si Vivendi voulait racheter le groupe Hachette, éditeur leader en France et troisième mondial.

Editis et Hachette, un mariage impossible

Créé en 2004, Editis regroupe aujourd’hui 53 maisons d’éditions dont Julliard, Robert Laffont, Plon, Nathan ou encore Pocket. 14 ans après le début de son activité, Vivendi, dont l’actionnaire majoritaire est Vincent Bolloré, a racheté l’entreprise. Editis avait rejoint l’empire médiatique du groupe constitué notamment du groupe Canal, Voici, Capital, Gala ou encore le JDD.

Un empire qui n’est jamais suffisamment grand pour le multimilliardaire. En mai dernier, Vivendi avait étendu son contrôle sur le groupe Lagardère en passant de 27 % de part au capital à 55,43 %. Cette prise de pouvoir a fait passer Hachette, éditeur leader en France, sous le contrôle de Vivendi. Afin de valider officiellement ce rachat, Bruxelles devait donner son feu vert, mais l’autorité européenne de la concurrence européenne avait ordonné de trouver une solution de partage de capital ou une revente d’Editis.

Échouant à trouver un remède pour convaincre le régulateur européen, Vivendi a annoncé vouloir vendre définitivement Editis en juillet dernier. Après avoir reçu 3 offres du groupe de média italien Mondadori, propriété de Silvio Berlusconi, son homologue canadien Quebecor et du groupe français Reworld, la filiale de Vincent Bolloré a annoncé entrer en négociation exclusive avec IMI.

IMI, premier opérateur de médias en Tchéquie, est une filiale de Czech Media Invest (CMI) détenu par Daniel Kretinsky. Depuis plusieurs années, ce milliardaire tchèque d’une quarantaine d’années s’intéresse aux médias français. Il a notamment racheté Elle, Télé 7 jours ou encore Marianne. Le tchèque est également actionnaire à 5 % du journal Le Monde et du groupe TF1. En 2019, Daniel Kretinsky avait expliqué ses investissements par son amour envers la France et « son journalisme traditionnel et professionnel ».

Aujourd’hui, le milliardaire souhaite « sauver » l’édition française en rachetant Editis, « j’ai conscience des responsabilités qu’une telle acquisition implique compte tenu de la qualité des maisons qui composent le groupe et de leur place dans l’histoire intellectuelle française » déclare-t-il dans un communiqué. Omniprésente dans la presse, l’acquisition permettrait surtout à CMI d’entrer dans le monde de l’édition, « Nous aurions les mêmes principes : une vision long terme, une logique de développement, une exigence de qualité, le souci de mettre en valeur les équipes et de faire rayonner les contenus dans le respect de l’exception culturelle française » poursuit-il.

D’après Le Monde, Daniel Kretinsky proposerait de développer Editis par des acquisitions et d’améliorer la rentabilité de l’entreprise, tout en investissant 40 millions d’euros sur trois ans. Cet engagement permettrait de poursuivre le plan initial de Vivendi. Une offre qui aurait déjà convaincu les salariés selon Le Figaro. Bruxelles a désormais jusqu’au 23 mai prochain pour statuer définitivement sur ce dossier ouvert il y a près d’un an.