Énorme coup dur pour Atos. L’entreprise de services du numérique (ESN) française a appris que le géant européen de l’aéronautique renonçait à prendre une participation dans sa branche cyber et big data, Evidian. Depuis plusieurs mois, l’ESN tente par tous les moyens de trouver un actionnaire pour soutenir financièrement son spin-off qui risque de s’écrouler à tout moment.

Après Thalès, au tour du retrait d’Airbus

Comme l’a indiqué un porte-parole du groupe aéronautique à Les Échos, « Airbus est arrivé à la conclusion que l’acquisition potentielle d’une part minoritaire de 29,9 % d’Evidian ne correspond pas aux objectifs de l’entreprise ». Le géant de l’aviation a décidé de se rétracter.

Si cette opération avait été conclue, Airbus aurait été le principal partenaire industriel d’Evidian, la nouvelle entité d’Atos issue d’une scission en juin 2022. Depuis l’annonce de sa création, plusieurs grands groupes français s’étaient montrés intéressés pour participer au développement de cette entité. Avant même cette annonce, plusieurs rumeurs faisaient part d’un intérêt d’Orange. Néanmoins, l’opérateur français a démenti à plusieurs reprises sa volonté d’acquérir Atos.

D’autres entités se sont montrées intéressées. OnePoint, entreprise française spécialisée dans la transformation numérique des entreprises avait proposé 4,2 milliards d’euros pour acquérir le spin-off. Une offre jugée beaucoup trop basse par Atos qui valorise sa filiale à 7 milliards d’euros minimums.

C’est alors Thalès qui s’est placé en pole position pour devenir l’un des actionnaires d’Evidian. Le ministère de l’Économie et des Finances ainsi que la Direction générale de l’armement (DGA) avaient donné tout leur soutien à une proposition à l’ESN. Malgré cela, Thalès a décidé de ne pas formuler d’offre, assurant que « le groupe n’a aucune volonté de se diversifier dans des secteurs d’activité qu’il ne sert pas déjà ».

Atos a besoin d’un investisseur qui l’accompagne dans sa restructuration

Atos n’a pas baissé les bras. En février 2021, seulement un mois après le retrait de Thalès, ce fut au tour d’Airbus de formuler une offre pour devenir actionnaire d’Evidian. L’entreprise a annoncé qu’elle souhaitait devenir actionnaire de l’entreprise à hauteur de 29,9 %, une proposition qui intéressait Atos.

Entre-temps, Airbus s’est vu opposer une fin de non-recevoir de la part de l’un de ses actionnaires, The Children’s Investment Fund Management (TCI). Le fonds d’investissement britannique s’est fermement positionné contre l’achat de parts d’Evidian, compliquant les choses. Selon les informations de BFM Business, Airbus a essayé de renégocier le prix qu’elle avait initialement formulé, ce qui n’a pas plu à Atos.

« Atos prend acte de la décision d’Airbus, » a annoncé l’ESN dans un communiqué. Pour l’entreprise dirigée par Nourdine Bihmane, il s’agit d’un véritable coup de massue puisqu’elle a besoin de 1,6 milliard d’euros afin de financer la restructuration de ses activités. Afin de s’immiscer dans de nouveaux marchés et de séduire de nouveaux clients, Evidian a besoin d’être épaulé par une entité capable de prendre au minimum 30 % de son capital. Suite au retrait d’Airbus, Atos a vu son cours chuter à la Bourse de Paris ce mercredi 29 mars de plus de 15 %.