Amazon a dévoilé ses résultats financiers pour le premier trimestre de 2022, allant de janvier à mars, et ils sont peu reluisants. Le géant de l’e-commerce a en effet enregistré sa première perte trimestrielle depuis 2015.

Le retour à la vie normale post-pandémie affecte l’e-commerce

Dans l’ensemble, la société a annoncé une perte nette de 3,8 milliards de dollars pour ce trimestre, contre un bénéfice net de 8,1 milliards de dollars à la même période l’année dernière. Si les revenus d’Amazon ont tout de même augmenté de 7 %, ce chiffre est clairement faible ; il s’agit de la hausse la plus lente de l’entreprise en deux décennies. À titre d’exemple, cette augmentation était de 44 % en 2021.

Le bénéfice d’exploitation est quant à lui de 3,7 milliards de dollars, contre 8,9 milliards de dollars au premier trimestre 2021. « La pandémie et la guerre qui a suivi en Ukraine ont entraîné une croissance et des défis inhabituels. Aujourd’hui, alors que nous ne sommes plus à la recherche de capacités physiques ou de personnel, nos équipes se concentrent sur l’amélioration de la productivité et de l’efficacité des coûts dans l’ensemble de notre réseau de traitement des commandes. Nous savons comment le faire et nous l’avons déjà fait. Cela peut prendre un certain temps, notamment parce que nous travaillons sur les pressions inflationnistes et de la chaîne d’approvisionnement en cours, mais nous constatons des progrès encourageants sur un certain nombre de dimensions de l’expérience client, y compris la performance de la vitesse de livraison, car nous approchons maintenant des niveaux qui n’ont pas été vus depuis les mois précédant immédiatement la pandémie au début de 2020 », a déclaré le PDG d’Amazon, Andy Jassy.

En plus de l’inflation des prix, la firme est également affectée par le retour à la vie normale des consommateurs. Amazon a largement profité de la pandémie de Covid-19, mais alors que les gens retournent faire du shopping dans les magasins physiques, le secteur de l’e-commerce perd en vitesse. En conséquence, le mois de mars 2022 a été le premier mois depuis le début de la pandémie où les ventes en ligne ont diminué par rapport à l’année précédente, selon Mastercard SpendingPulse, qui suit les transactions effectuées sur le réseau de paiement Mastercard ainsi que les estimations basées sur des enquêtes pour les espèces et les chèques.

Pour pallier les pertes, Amazon a augmenté le prix de son abonnement Prime aux États-Unis, qui passe de 119 à 139 dollars par an, et a également introduit une « surcharge pour le carburant et l’inflation », qui représente en moyenne 5 % des frais d’exécution qu’elle facture aux vendeurs qui utilisent ses services.

Un ordinateur ouvert sur le site d'Amazon.

Le secteur de l’e-commerce perd en vitesse alors que les consommateurs retournent progressivement dans les magasins physiques pour faire leurs achats. Photographie :
Marques Thomas @querysprout.com / Unsplash

De grosses annonces pour Amazon

Toutefois, Amazon peut toujours compter sur sa division cloud, Amazon Web Services (AWS), dont les ventes ont augmenté d’environ 37 % au premier trimestre pour atteindre 18,4 milliards de dollars. AWS reste le premier fournisseur cloud au monde devant Microsoft et Google. Sa branche dédiée à la publicité enregistre également des résultats encourageants avec 7,87 milliards de dollars de ventes pour le premier trimestre, soit une hausse de 23 % par rapport à l’année précédente.

Le premier trimestre 2022 a également vu de nombreuses nouveautés et annonces émerger pour Amazon, comme l’a précisé Andy Jassy dans sa déclaration. L’entreprise a en effet annoncé le lancement de Buy with Prime, un service permettant aux commerçants d’exploiter toute l’infrastructure logistique mise en place par Amazon pour son service Prime, et a également compléter le rachat de MGM Studios. Cela va lui permettre de largement étoffer le catalogue d’Amazon Prime Video et de devenir un concurrent encore plus crédible face aux géants que sont Netflix ou Disney+.

Par ailleurs, l’entreprise a signé des contrats astronomiques avec Arianespace, Blue Origin et United Launch Alliance pour 83 lancements au total dans le cadre de son projet Kuiper, qui devrait venir concurrencer la constellation de satellites d’Elon Musk, Starlink.

Le second trimestre d’Amazon ne s’annonce pas plus encourageant

Les prédictions d’Amazon pour le deuxième trimestre 2022 ne sont pas vraiment prometteuses. L’entreprise s’attend en effet à ce que sa croissance plonge encore davantage, entre une perte de 1 milliard de dollars et un bénéfice de 3 milliards de dollars. À la même période de 2021, elle affichait un bénéfice d’exploitation de 7,7 milliards de dollars.

Amazon a en outre annoncé que son fameux Prime Day, qui permet souvent de booster ses bénéfices, se tiendra en juillet et non au mois de juin comme à l’accoutumée. Cet événement de deux jours pourrait potentiellement nuire aux comparaisons d’une année sur l’autre pour les recettes du deuxième trimestre, tout en stimulant les résultats du troisième trimestre, note CNBC.

Le géant de l’e-commerce doit également faire face à un vaste mouvement de syndicalisation de la part de ses employés, avec notamment un entrepôt new-yorkais qui a choisi de rejoindre un grand syndicat américain, et un deuxième qui devrait se décider cette semaine. Si la firme est contre la syndicalisation de ses employés, il semblerait qu’elle n’ait d’autre choix que de faire profil bas face à leurs revendications.

Enfin, sa participation dans l’entreprise de véhicules électriques Rivian a aussi contribué à faire baisser ses bénéfices : si le constructeur a signé une entrée en bourse remarquable en 2021, ses actions ont perdu plus de la moitié de leur valeur au cours du trimestre, Amazon a ainsi enregistré une perte de 7,6 milliards de dollars sur son investissement.