Jeudi 11 avril, l’autorité de la concurrence britannique (CMA) a annoncé se pencher sur le marché de l’intelligence artificielle durant les prochains mois. Dans sa ligne de mire se trouvent les investissements de plusieurs géants américains dans de jeunes pousses, comme Alphabet, la maison mère de Google, Apple, Microsoft, Meta, Amazon et Nvidia.

« Quand nous avons commencé ce travail, nous étions curieux. Maintenant, grâce à une compréhension approfondie et après avoir suivi de très près ces développements, nous avons de réelles inquiétudes », a déclaré Sarah Cardell, directrice générale de la CMA.

L’antitrust britannique a indiqué avoir identifié un « réseau interconnecté » d’investissements impliquant seulement ces quelques entreprises les plus puissantes. Elle craint que ces fusions-acquisitions renforcent leur position dominante, et que ces géants de la tech puissent ainsi « façonner les marchés dans leur propre intérêt ».

Pour cause, Amazon et Google ont investi des milliards dans Anthropic, un concurrent d’Open IA, à qui appartient ChatGPT. Alphabet possède également le laboratoire DeepMind, qui a développé AlphaGo. Nvidia soutient des dizaines de start-up, dont Cohere, spécialisée dans l’IA générative.

De son côté, Microsoft a déboursé des milliards dans Open AI et encore d’autres milliards dans le français Mistral AI. Cette dernière transaction fait d’ailleurs l’objet d’une attention particulière de l’autorité la concurrence européenne, dans le cadre d’une enquête visant les liens entre le géant des logiciels et OpenAI. « Un nouveau monde s’ouvre à nous. [Les régulateurs] doivent s’assurer qu’il s’agira d’un monde concurrentiel », a déclaré auprès de Bloomberg Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence.

Après avoir observé l’essor, en quelques décennies, d’un monopole d’entreprises sur le marché du numérique, poussé par la libre concurrence, les différentes commissions antitrust ne veulent pas laisser la situation se reproduire avec l’IA. La CMA travaille également sur une enquête consacrée uniquement aux investissements de Microsoft dans OpenAI. Par ailleurs, d’ici cet été, elle pourra s’appuyer sur la loi sur les marchés numériques, la concurrence et les consommateurs qui entrera en vigueur au Royaume-Uni.

« Nous saluons la clarté et la transparence apportée par le rapport. Nous attendons avec impatience de coopérer de manière constructive avec la CMA pour appliquer ses principes à notre activité », a déclaré un porte-parole de Google.

Au-delà des enquêtes britanniques et européennes, les investissements dans l’IA des géants de la tech sont également épiés aux États-Unis. Une enquête de la Federal Trade Commission (FTC) scrute ceux d’Alphabet, Amazon et Microsoft.