L’antitrust américain tourne son regard vers les investissements des géants de la tech dans les start-up d’intelligence artificielle. À travers une étude approfondie, la Federal Trade Commission (FTC) va chercher à déterminer si cette nouvelle tendance risque de mener à une consolidation du marché, qui serait alors dominé par une poignée d’acteurs.

Une possible stratégie pour contourner la loi antitrust

Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars dans OpenAI, tandis que Google a injecté 2 milliards dans Anthropic. Amazon a quant à elle versé 4 milliards dans cette même start-up. Au total, le régulateur va s’intéresser à plus de 19 milliards de dollars d’investissements réalisés par les trois fournisseurs cloud majeurs dans les entreprises d’IA.

La présidente de la FTC, Lina Khan, a présenté l’enquête lors du sommet technologique de l’agence sur l’IA. « Il n’y a pas d’exemption pour l’IA des lois en vigueur, et nous examinons de près la façon dont les entreprises peuvent utiliser leur pouvoir pour contrecarrer la concurrence ou tromper le public », a-t-elle prévenu.

Plus que n’importe quelle entreprise, Microsoft personnifie la relation naissante entre les grandes entreprises technologiques et les jeunes pousses de l’IA. La firme de Redmond a réorganisé la quasi-totalité de ses produits en y intégrant les modèles d’OpenAI. Elle a également joué un rôle déterminant dans le retour de Sam Altman en tant que PDG de la société.

La FTC a envoyé des citations à comparaître à Amazon, Google et Microsoft pour recueillir des informations. Elle va notamment tenter de déterminer si leurs investissements ont été élaborés pour échapper à la loi antitrust, qui les aurait obligés à informer les autorités avant de mener l’opération.

Le secteur de l’IA également scruté de l’autre côté de l’Atlantique

Ces accords sont essentiels pour les start-up. La puissance de calcul nécessaire pour faire tourner les grandes modèles de langage (LLM) étant exorbitante, les fournisseurs cloud comptent parmi les seules entreprises à disposer de l’infrastructure et des fonds nécessaires pour soutenir leurs efforts.

« Notre expérience en matière d’application de la loi dans d’autres domaines influencera directement la manière dont la FTC abordera ce travail », a indiqué Lina Khan. Régulateurs européens et britanniques se penchent également sur les relations entre Microsoft et OpenAI, afin d’« étudier l’impact de ces partenariats sur la dynamique de ce marché ».

Microsoft et Google se disent chacune prêtes à collaborer avec l’agence antitrust américaine. Ces échanges entre big tech et start-up « favorisent la concurrence et accélèrent l’innovation », argumente Rima Alaily, vice-présidente de Microsoft chargée de la concurrence et du marché.

« Nous espérons que l’étude de la FTC mettra en lumière les entreprises qui n’offrent pas l’ouverture de Google Cloud ou qui ont une longue tradition de verrouillage des clients, et qui appliquent cette même approche aux services d’intelligence artificielle », a, pour sa part, déclaré un porte-parole de Google.