« Exclure les entreprises de télécommunications chinoises des essais va non seulement nuire à leurs droits et intérêts légitimes, mais aussi entraver l’amélioration de l’environnement commercial indien, ce qui n’est pas propice à l’innovation et au développement des industries indiennes », a affirmé dans un communiqué le porte-parole de l’ambassade de Chine en Inde Wang Xiaojian.

En date du 5 mai 2021, le communiqué chinois intervient suite à la décision indienne d’exclure les entreprises chinoises du développement de ses infrastructures 5G. Début mai, le département indien des télécommunications a désigné plus d’une douzaine d’entreprises pour des essais préparatoires au déploiement d’un réseau 5G qui se dérouleront sur 6 mois. Aucune entreprise chinoise n’a été choisie. Une décision en réflexion depuis août 2020.

D’après TechCrunch, parmi les heureux élus se trouvent Ericsson, Nokia, Samsung, Jio Platforms, Airtel, Vodafone Idea, ou encore MTNL. À l’opposé, Huawei, Zhongxing Telecommunication Equipment (ZTE), ainsi que d’autres entreprises chinoises, n’ont pas eu le feu vert du gouvernement indien pour ce projet 5G. Pourtant, nombre d’entre elles travaillent depuis plusieurs années en Inde. Ainsi, le porte-parole de l’ambassade de Chine a exprimé « sa préoccupation et son regret quant au fait que les entreprises de télécommunications chinoises n’ont pas été autorisées à mener des essais 5G avec les fournisseurs de services de télécommunications indiens en Inde ».

Une décision rattachée à un contexte diplomatique tendu

Le ministère indien s’est dédouané et a déclaré que les autorisations attribuées ont été choisies par les opérateurs télécoms. Pourtant, l’année dernière, Airtel, le premier opérateur de téléphonie mobile en Inde n’était pas opposé à une collaboration avec des entreprises internationales, y compris des acteurs chinois.

« Huawei, au cours des 10 ou 12 dernières années, est devenu extrêmement bon avec ses produits, à tel point que je peux dire aujourd’hui avec certitude que leurs produits, au moins de 3G, 4G que nous avons testés, sont, sans aucun doute, nettement supérieurs à ceux d’Ericsson et Nokia. Et je les utilise tous les trois », soutenait l’année passée Sunil Mittal, le fondateur d’Airtel, lors d’une conférence.

Il serait bizarre que les compétences des entreprises chinoises se soient subitement évaporées. C’est pourquoi il est intéressant de se pencher sur les relations diplomatiques des deux géants asiatiques. En effet, les tensions géopolitiques se sont ranimées dans le Cachemire, une région sous tension depuis les années 60. En juin 2020, la Chine et l’Inde se sont affrontés dans les sommets himalayens, causant des pertes humaines des deux côtés. À la suite de ces hostilités, l’Inde a banni des applications chinoises. En novembre, 170 applications, dont TikTok, étaient interdites en Inde. Une situation qui a conduit la Chine à attaquer l’Inde devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour pratiques discriminatoires. Par ailleurs, la Chine a signé en novembre 2020 le Partenariat régional économique global (RCEP) dont l’Inde est exclue, mais qui compte des alliés américains comme l’Australie.

Tous ces événements se sont passés sur fond de guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, l’Inde étant un allié américain. Les tensions sino-américaines ont conduit les États-Unis à convaincre plusieurs pays d’exclure les entreprises chinoises. Ainsi, la France, le Royaume-Uni, la Suède, et même l’Italie qui est pourtant membre des nouvelles routes de la soie, ont restreint ou exclu les activités de Huawei dans leurs réseaux 5G. Finalement, l’Inde suit une politique américaine déjà bien entamée.