En Inde, les livreurs d’Amazon ne comptent pas se laisser faire. Alors que le géant du e-commerce a réduit le montant payé par colis livré, un vent de contestation monte au travers d’un appel à la grève d’envergure nationale, rapportent nos confrères de Rest of World. Cette nouvelle protestation intervient alors qu’Amazon est confrontée à une pression croissante de la part des législateurs et des militants du monde entier quant aux conditions de travail imposées à ses salariés.

Une baisse drastique de revenus est à l’origine de la grève des livreurs indiens

D’après l’Indian Federation of App-based Transport Workers (IFAT), Amazon a récemment annoncé réduire drastiquement la rémunération de ses chauffeurs livreurs en Inde. Alors que ces derniers gagnaient auparavant 35 roupies (0,41€) par colis livré, ils ne devraient désormais percevoir que 10 roupies (0,12€) pour les petits colis, et 15 roupies (0,18€) s’ils utilisent un pousse-pousse motorisé. On est bien loin des 15 dollars de l’heure promis aux employés américains de la firme.

Évidemment, cette nouvelle politique de paiement est massivement contestée. L’IFAT, qui est l’un des organismes à mener l’opposition, demande à ce qu’Amazon revoie sa copie en proposant une échelle tarifaire allant de 20 roupies (0,23€) à 80 roupies (0,93€) si les livreurs utilisent des véhicules plus grands, tels que des camionnettes de livraison, afin de pouvoir compenser le prix de l’essence qu’ils consomment dans le cadre de leurs tournées.

Une demande à laquelle Amazon n’a pas (encore ?) accédé. En signe de protestation, l’IFAT et d’autres organismes, se sont rassemblés pour organiser ensemble une grève de 24 heures à travers plusieurs villes du pays (Hyderabad, Bangalore, Pune et Delhi). D’après les organisateurs, entre 10 000 et 15 000 employés de la firme pourraient rejoindre le mouvement. Cependant, à l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune date pour cette grève n’a encore été annoncée.

La pression monte autour des conditions de travail chez Amazon

Au-delà de cet élan de protestation en Inde, Amazon doit faire face à une pression internationale de plus en plus importante quant aux conditions de travail qu’elle impose à ses employés. En 2018 déjà, une centaine d’employés d’Amazon ont fait entendre leurs revendications en manifestant devant leur entrepôt dans la ville de Shakopee dans l’État du Minnesota. En 2019, la chercheuse Stacy Mitchell dévoilait les pratiques de surveillance appliquées au sein des entrepôts d’Amazon, et révélait que si les employés étaient trop lents et pas assez efficaces, ils étaient alors licenciés.

En 2020, c’est à l’occasion du Black Friday que des employés de 15 pays différents se sont mis en grève pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. Plus récemment, une ancienne employée américaine a porté plainte contre pour le géant du eCommerce, qu’elle accuse d’avoir privé ses salariés de pauses. Des allégations qui ont notamment été confirmées par nos confrères de Vice, dans un article qui regroupe des témoignages d’employés obligés d’uriner dans des bouteilles en plastique, faute de temps pour aller aux toilettes.

Enfin, en Alabama (États-Unis), le vote pour la création du premier syndicat dans un entrepôt Amazon vient de s’achever ce lundi 29 mars 2021 au terme de plusieurs mois d’affrontement aux airs de David contre Goliath. Il faut dire que le géant du eCommerce a investit des centaines de milliers de dollars pour demander à ses employés de voter contre la création de ce syndicat : vidéos promotionnelles, campagnes SMS et emailing… L’entreprise a redoublé d’efforts pour venir à bout de ce mouvement dont l’objectif, pour les employés, est de réclamer de meilleures conditions de travail. « Nous voulons être traités avec respect et dignité. Cela signifie des conditions de travail sûres, la sécurité de l’emploi, et des salaires à la hauteur », explique Jennifer Bates, salariée d’Amazon. Le dépouillement des votes devrait commencer dès demain, mardi 30 mars 2021.