Facebook a peut-être trouvé l’argument qui va emporter l’adhésion des leaders occidentaux à la Libra : la Chine, prépare sa propre cryptomonnaie. Selon certaines sources elle devrait sortir le 11 novembre, bien avant la date de sortie estimée de la Libra, en juin 2020.

L’alerte vient des analystes de la Banque Royale du Canada, RBC Capital Markets. Ils estiment que depuis l’annonce par Facebook et ses 28 partenaires originaux du projet de cryptomonnaie l’Empire du Milieu a considérablement accéléré ses efforts pour mettre sur pied sa propre monnaie numérique.

La monnaie numérique chinoise pour novembre 2019 ?

L’équipe de chercheurs chinoise se penche sur le développement d’une cryptomonnaie sur ordre du gouvernement depuis 2014. Le but d’alors était de réduire l’utilisation de l’argent papier, dont la gestion coûte particulièrement cher. Ces recherches sont restées au point mort jusqu’à la Libra qui a relancé les ambitions chinoises. Aujourd’hui la monnaie numérique made in China serait presque prête. Forbes évoque même une date précise, le 11 novembre 2019.

La monnaie numérique chinoise, toujours pas nommée pour l’heure, sera directement émise par la Banque populaire de Chine, la banque centrale du pays. Au dire du directeur adjoint du département des paiements, Mu Changchun, elle sera très ressemblante à la Libra : adossée à une monnaie stable, le Yuan, avec le support d’actif bien réel. Elle pourrait même être utilisée sans connexions pour pouvoir être utilisée « dans les cas où les communications seraient coupées comme un tremblement de terre ».

Comme la Libra elle envisage d’être disponible sur des applications de messageries. WeChat et son 1,1 milliard d’utilisateurs est un marché séduisant, déjà évoqué. « Nous croyons que les applications de messagerie représentent la meilleure occasion pour les consommateurs d’adopter les porte-monnaie électroniques, et donc adopter davantage la monnaie numérique, » a déclaré RBC.

Dans ce domaine, une fois n’est pas coutume, Facebook affiche du retard. Alors qu’il existe déjà un WeChat Pay il n’y a pas de moyen de paiement sur Messenger ou WhatsApp, racheté pour 19 milliards en 2014 par l’entreprise de Palo Alto. Cette dernière serait toutefois en train de mener des expérimentations en Inde.

Le cadeau de Banque Royale du Canada à la Libra

Les analystes de la RBC offrent sur un plateau d’argent un argument de poids à la Libra pour répondre aux gouvernements occidentaux très frileux avec la cryptomonnaie. Le secrétaire d’État au trésor américain, Steven Mnuchin estimait, par exemple, que les initiateurs du projet la Libra « ne sont pas prêts, qu’ils ne sont pas à la hauteur ».

Le ton pourrait changer à présent. Mieux ne vaut-il pas la Libra et ses défauts (risque de blanchiment d’argent, de déstabilisation du système monétaire), qu’une monnaie avec les mêmes problèmes et gérée par le Parti communiste chinois ? David Marcus, le Français membre du conseil d’administration de la Libra pour Facebook avait déjà agité le spectre chinois en août, devant la Chambre des représentants.

La note de RBC reprend pour l’essentiel les arguments de ce dernier, « Si les organismes de réglementation américains finissent par rejeter la Libra et décident de ne pas rédiger de règlement pour encourager l’innovation en matière de cryptographie aux États-Unis, la CBDC chinoise [Banque populaire de Chine, ndlr] pourrait être stratégiquement positionnée pour devenir de facto la monnaie numérique mondiale dans les économies émergente ».

L’enjeu devient géopolitique, en particulier pour les États-Unis et leur leadership technologique. La Chine est déjà en avance sur la 5G avec Huawei, il ne faudrait pas être débordé dans le domaine des cryptomonnaies.

La stabilité monétaire, ensuite, est un terrain miné entre les deux superpuissances mondiales. En août dernier le secrétaire d’État Mnuchin avait pointé du doigt la Chine car elle dévaluait sa monnaie, le Yuan, dans le but d’obtenir un avantage concurrentiel.

Il y a fort à parier que ces questions vont encore davantage animer la discussion entre Mark Zuckerberg et la commission du Congrès le 23 octobre.