Depuis quelques mois, les relations entre la Chine et les États-Unis se sont davantage dégradées. C’est sans surprise les différends entre la Maison-Blanche et Huawei qui ont contribué à de nouvelles tensions. Malgré le fait que les deux parties semblent avoir trouvé un accord lors du dernier G20, la crainte envers le matériel chinois n’a fait qu’accroître. Et cela, Facebook l’a très bien compris.

Hier, le Comité de la Chambre des États-Unis a fait barrage au projet Libra. La majorité des législateurs ont demandé à David Marcus, le directeur blockchain chez Facebook, de mettre le projet en suspens. CNBC rapporte que l’entretien était très musclé, les législateurs se sont montrés bien plus virulents. Brad Sherman, un de ses législateurs, aurait, d’après le média américain, comparé les conséquences de cette monnaie virtuelle aux attaques du 11 septembre 2001. « Certains nous disent que l’innovation est toujours bonne. La chose la plus innovante qui soit arrivée au cours de ce siècle a eu lieu lorsque Oussama ben Laden a eu l’idée innovante de faire voler deux avions dans des tours, » a-t-il déclaré. Par la suite, Brad Sherman a invité Mark Zuckerberg à se présenter directement devant le Comité.

Pour défendre le projet, David Marcus a déclaré devant le Comité : « Je pense que si l’Amérique n’est pas à la pointe de l’innovation dans le domaine de la monnaie numérique et des paiements, d’autres le seront. Si nous n’agissons pas, nous pourrions bientôt voir une monnaie numérique contrôlée par d’autres dont les valeurs sont radicalement différentes. » Dans cette déclaration David Marcus sous-entend qu’une autre puissance comme la Chine pourrait devancer la Libra. Afin de faire douter encore plus les autorités américaines, David Marcus ajoute : « Je crois que si nous ne bougeons pas, dans 10 ou 15 ans, la moitié de la planète sera dans une situation où la blockchain sera hors de portée de notre sécurité nationale ».

Ces arguments visent à contrer le projet de loi « Keep Big Tech Out of Finance » selon lequel des entreprises de l’envergure de Facebook, qui gagnent plus de 25 milliards de dollars par an, « ne peuvent établir, maintenir ou exploiter un bien numérique qui est destiné à être largement utilisé comme moyen d’échange, unité de compte, réserve de valeur ou toute autre fonction similaire ».

Le message de Facebook est clair, le développement des cryptomonnaies est inévitable. Bloquer la Libra ne fera qu’ouvrir la porte à des acteurs encore moins scrupuleux. Par ailleurs, il semblerait que Facebook n’évoque pas seulement la cryptomonnaie, mais la technologie en général. Mark Zuckerberg continue de jouer la carte de la peur pour tenter de faire réfléchir les autorités américaines.