David Marcus, ancien directeur du projet Libra et actuel directeur de Facebook Financial, a publié un message sur sa plateforme favorite le 19 octobre pour annoncer le lancement d’une version pilote du portefeuille numérique Novi aux États-Unis et au Guatemala.

Rassurer les inquiets et autres sceptiques

Facebook va enfin tester son portefeuille numérique fraîchement renommé après les patinages de Libra et Calibra. Novi, ou plutôt certains services de Novi, sont désormais téléchargeables dans les deux pays d’Amérique : il sera possible d’envoyer et de recevoir de l’argent à travers les frontières gratuitement.

David Marcus précise : « Une fois que nous aurons une clientèle significative, nous pourrons offrir des moyens de paiement moins chers aux commerçants tout en réalisant des bénéfices sur les services marchands ».

Il s’agit d’un point sensible. Les détracteurs de Facebook estiment en effet que la plateforme cherche à imposer son portefeuille numérique grâce à des prix littéralement imbattables. Forcément plus facile à obtenir grâce à la surface financière de l’entreprise.

Interface de Novi avec l'USDP en devise

Interface de Novi publiée par David Marcu. Source : David Marcus / Facebook.

Le Guatemala, un choix stratégique

L’argent envoyé de l’étranger représente 14% du PIB du Guatemala selon la Banque Mondiale et il vient à 90% des diasporas installées aux États-Unis selon Pew Research. David Marcus pointe également qu’au Guatemala, 56% des gens n’ont pas accès aux services financiers de base, mais 100% au téléphone.

Il s’agit d’un grand classique pour ce genre d’expérimentation. Cuba et le Salvador ont défendu l’autorisation voire l’officialisation du Bitcoin sur les mêmes bases. Elles permettent de compenser un système bancaire local défaillant et de faciliter les transferts de fonds à travers les frontières. Le choix du Guatemala pour Novi est donc très logique.

Ce test permettra de tester les fonctionnalités de base de l’application. Aussi et surtout, il servira à démontrer les capacités opérationnelles de Facebook en termes de suivi de clientèle et de mise en conformité.

La version officielle de Novi sera bien accompagnée de Diem

Novi ne sera pas accompagné par la stablecoin qui a remplacé Libra, Diem. Pas d’inquiétudes sur l’avenir incertain de cette nouvelle monnaie numérique, assure David Marcus : « Je veux être clair que notre soutien à Diem n’a pas changé et nous avons l’intention de lancer Novi avec Diem une fois qu’il aura reçu l’approbation réglementaire ».

Novi va utiliser une autre stablecoin, USDP, qui a l’avantage de fonctionner depuis 3 ans, avec « d’importants attributs réglementaires et de protection des consommateurs », assure le directeur de Facebook Financial. Ce choix pourra, plus tard, démontrer le soutien de Facebook à l’interopérabilité de son portefeuille numérique.

Car oui, David Marcus le répète, Facebook se place, avec Novi, « en challenger de l’industrie de paiement ». Une nouvelle réponse aux fortes craintes que suscite le projet de l’entreprise de Mark Zuckerberg, accusée d’être loin du simple nouvel arrivant sur le marché. Novi va tâcher de faire ses preuves et David Marcus affirme qu’il prendra son temps pour le faire. Un déploiement plus large du portefeuille numérique n’est donc pas pour demain.