Le dirigeant de Facebook Financial, le français David Marcus, c’est fendu d’un message sur Medium le 18 août pour promouvoir le porte-monnaie électronique Novi. Il s’agit d’un projet lancé en juin 2019 sous le nom de Calibra. L’intitulé a été changé pour éviter la confusion avec le projet de monnaie numérique de Facebook Libra, très controversée. Libra a également changé de nom fin 2020 pour devenir Diem.

Facebook a sa solution contre le système de paiement américain sclérosé

Pour David Marcus le constat est simple, le système de paiement actuel aux États-Unis n’est pas adapté aux besoins des consommateurs. Il pointe que 62 millions d’Américains n’ont accès aux banques et dénonce un système qui n’a connu « que des innovations minimales depuis la création du premier réseau de cartes de crédit, il y a plus de 60 ans ».

Facebook propose donc sa solution, Novi. Pour l’ancien président de PayPal, le réseau social est légitime, fort de son expérience avec Facebook Payment, utilisé dans « plus de 160 pays » pour « effectuer des paiements dans 55 devises ». Il rapporte que 100 milliards de dollars de paiements ont été réalisés par ce biais au cours des quatre derniers trimestres.

Novi est destiné au transfert d’argent dans le monde entier rapidement et à moindre coût, si ce n’est gratuitement. Le service, interopérable, pourrait être lancé prochainement. David Marcus rapporte que Novi a obtenu des licences ou approbations dans quasiment tous les États américains.

Le service devrait être accompagné par la stablecoin qui a remplacé Libra, Diem. Il explique que même si les monnaies fiduciaires peuvent rapporter beaucoup d’argent à Novi, un stablecoin « peut aider à rassembler plus d’entreprises autour d’une norme et je ne veux pas que nous gaspillions cette chance ».

Selon David Marcus un stablecoin n’est pas parfait en soi, il explique que « Ce qui définit un stablecoin bien conçu, c’est la manière dont ses réserves sont conçues et gérées, le degré de transparence vis-à-vis des consommateurs et des régulateurs ainsi que les protections des consommateurs et les caractéristiques de conformité offertes pour l’émetteur ». Autant de cases que cocherait Diem.

Libra, un fiasco provoqué par des idées « anti-américaine » selon David Marcus

Comme l’a montré l’épisode Libra, David Marcus aura encore du travail pour convaincre les régulateurs américains et internationaux de la pertinence du système de paiement made in Facebook.

Pour lui l’entreprise aurait subi un traitement injuste du monde de la finance et des régulateurs, « J’ai entendu de multiples conversations sur la façon dont cette proposition [Novi] serait géniale si seulement Facebook n’était pas impliqué ».

Le français va jusqu’à se répandre sur le traitement « anti-américain » dont aurait été victime Facebook malgré son respect des valeurs du pays. Au passage, David Marcus n’hésite pas à pointer la Chine qui « avance avec détermination et hâte pour construire une infrastructure qui fera du yuan numérique un challenger du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale ».

David Marcus, décidément en forme, balaie les craintes de ceux qui « redoutent un plan sinistre pour gagner de l’argent avec ça [Novi] ». S’il dit comprendre, il y voit une mauvaise compréhension des grandes entreprises technologiques à succès, concentré « d’abord sur la résolution des problèmes des gens à grande échelle ». Il insiste sur la gratuité de Novi, avant, tout de même, de préciser, « Une fois que nous aurons une base de clients significative, nous pourrons offrir des paiements marchands moins chers aux entreprises du monde entier ». Une stratégie souvent démontrée et bien connue des géants du numérique : utiliser leur puissance financière pour balayer leurs concurrents en s’imposant à perte sur un marché.

Novi n’a toujours pas de date de lancement

Pas d’inquiétudes, Facebook, avec toutes les difficultés traversées avec Libra, avec les régulateurs, n’est qu’un « challenger dans l’industrie des paiements » assure David Marcus. Malgré son échelle, une accusation qu’entend le directeur des projets financiers de Facebook, décidément compréhensif : Facebook ne s’imposera pas en un claquement de doigts assure-t-il.

David Marcus n’a avancé aucune date sur l’arrivée de Novi et de sa stablecoin, malgré les autorisations. Il explique simplement que « Novi est prêt à entrer sur le marché » et proclame « qu’il n’est pas raisonnable » de retarder sa mise en œuvre. Aux États-Unis, la secrétaire au Trésor Janet L. Yellen, le président de la Securities and Exchange Commission Gary Gensler, la sénatrice démocrate Elizabeth Warren ont tous exprimé leur méfiance selon le New York Times. Pas sûr que le discours de David Marcus suffise à les convaincre.