Tesla dit « America First ». Appâtée par l’Inflation Réduction Act, ce vaste programme de subvention américain, l’entreprise d’Elon Musk a décidé, mercredi 21 février, de réduire ses investissements en Allemagne. Sa Gigafactory, proche de Berlin, ne deviendra pas la plus grande usine de batterie au monde, elle ne fabriquera que quelques composants expédiés vers les États-Unis.

L’Allemagne ne fait pas le poids face à l’Inflation Reduction Act

« Les allègements fiscaux de l’Inflation Reduction Act ont influencé nos plans initiaux. La production des cellules pour nos batteries sera concentrée aux États-Unis. » a annoncé Tesla dans les colonnes de la FAZ, l’un des trois quotidiens allemands les plus lus.

Annoncée en 2019, opérationnelle depuis mars dernier, l’usine de Tesla en Allemagne, nommée Giga Berlin, avait pour objectif de produire 500 000 véhicules par an dès 2022. Un objectif très, et surtout trop, ambitieux. Rapidement en manque de main-d’œuvre, l’usine a finalement le rendement le plus faible de la firme. Selon les analystes, la production serait de 20 000 unités en 187 jours, contre 100 jours pour la Giga Shanghaï.

Au-delà de l’assemblage des véhicules, l’usine devait initialement produire 50 Gwh de batteries par an, faisant de ce site le plus grand fabricant de batteries au monde (en 2019). Tesla a finalement annoncé qu’elle ne produira finalement que des composants, qui seront ensuite envoyés dans les gigafactory étasuniennes.

Cette marche arrière est due, comme l’explique Tesla, a l’Inflation Reduction Act (IRA). Ce texte, ratifié par Joe Biden l’été dernier, vise à inciter les Américains à acheter des voitures électriques américaines, construites en Amérique. Lorsqu’un acheteur remplit ces conditions, il bénéficie d’un crédit d’impôt de 7500 dollars. Un réel accélérateur des ventes de voitures électriques des entreprises produisant aux États-Unis.

Tesla n’est pas la seule entreprise à être appâtée par ce plan d’aides aux énergies vertes, rapporte Bloomberg : Volkswagen, constructeur allemand, Northvolt, producteur suédois de batterie ou encore Volvo, fabricant suédois de camion. Northvolt aurait souligné que les crédits d’impôts de l’IRA couvrent environ 30 % des coûts d’exploitation de la fabrication de batterie.

L’exode des entreprises européennes et étrangères vers le pays de l’Oncle Sam était anticipé et redouté par les dirigeants européens. Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a dénoncé l’IRA comme une « tentative agressive pour attirer nos capacités industrielles ». Le spectre d’une guerre commerciale transatlantique a même été agité, avant d’être démenti côté européen. La voie de la négociation est privilégiée, sans résultat probant jusqu’alors, tandis qu’un programme de subvention, en réponse à l’IRA, est en préparation à Bruxelles.

Ce virage de Tesla était attendu par la sphère politique allemande. Mardi dernier, le ministre de l’économie du Brandebourg, région du site de l’usine, Jörg Steinbach, avait déclaré « Tesla a donné la priorité à d’autres étapes de production aux États-Unis, car les conditions fiscales y sont plus favorables ».

Le ministère de l’économie du Brandebourg a déclaré que les employés ne devraient pas être impactés par ce retrait de Tesla. L’entreprise d’Elon Musk lui a assuré que les 9000 personnes en place y resteraient. Le site devait accueillir initialement 12 000 employés, mais la capacité a été réduite avec l’annulation du projet de fabrication de batteries.