Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, et son homologue allemand Robert Habeck, ont rencontré des dirigeants américains à Washington D.C. et ont insisté sur la nécessité entre les deux pays de renforcer leurs liens dans le domaine des minéraux nécessaires aux technologies vertes. Objectif pour les Européens : pousser les Américains à revoir certains termes de l’Inflation Reduction Act.

L’Inflation Reduction Act va affaiblir l’industrie européenne

Entrée en vigueur en août 2022, ce plan de 369 milliards de dollars est l’un des projets écologiques les plus ambitieux entrepris par les États-Unis. Il vise à favoriser l’investissement dans les énergies vertes, mais aussi à privilégier la relocalisation industrielle. Ce dernier point est très mal vu par l’Union européenne (UE), qui craint de voir ses entreprises traverser l’Atlantique afin d’obtenir des financements plus importants, d’autant plus que le Vieux Continent subit de plein fouet les répercussions du conflit entre la Russie et l’Ukraine.

Margrethe Vestager, la vice-présidente exécutive de la Commission européenne, assure que les deux entités alliées ne peuvent pas se vouer à une guerre commerciale, tandis qu’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, appelle à la coopération avec les États-Unis. Elle n’a en outre pas hésité à qualifier la législation comme une « tentative agressive pour attirer nos capacités industrielles ».

En réponse à l’Inflation Reduction Act, l’UE veut faciliter l’octroi par les gouvernements d’allégements fiscaux et d’autres aides aux entreprises de technologies propres, mais estime que la meilleure solution serait une collaboration plus étroite avec les États-Unis.

Un « club des minéraux »

C’est notamment pour cette raison que Bruno Le Maire et Robert Habeck ont rencontré Janet Yellen, la secrétaire du Trésor, Gina Raimondo, la secrétaire du Commerce, ainsi que Brian Deese, directeur du Conseil économique national de la Maison Blanche. Lors de cet entretien, Habeck a notamment évoqué l’idée de créer un « club des minéraux » entre les deux entités, selon le Wall Street Journal.

Son objectif serait de trouver des mesures concrètes pour diversifier les approvisionnements en minéraux critiques et réduire la dépendance à l’égard d’un petit nombre de fournisseurs, dont la Chine. Il estime en outre que cela permettrait de conduire à de nouveaux alignements entre l’UE et les États-Unis sur les énergies propres.

L’une des dispositions critiques du Reduction Inflation Act pour l’Europe concerne le crédit d’impôt pour les véhicules électriques. Il exige en effet qu’une certaine quantité de minéraux critiques dans la batterie d’un véhicule proviennent de pays ayant conclu un accord de libre-échange avec les États-Unis. Or, l’UE ne dispose pas de tel accord, ce qui irrite passablement ses dirigeants.

Vers un partenariat de libre-échange entre les deux entités ?

Toujours d’après le Wall Street Journal, les responsables américains ont négocié autour d’un accord étroit sur les minéraux critiques avec l’UE, qui lui permettrait de rentrer dans le cadre de cette disposition. Selon Bruno Le Maire, les discussions entre les deux parties ont mené à des progrès conséquents car elles sont convenues de la nécessité d’une transparence totale sur le niveau des subventions et des crédits d’impôt, d’une communication constante au niveau ministériel et de l’inclusion du plus grand nombre possible d’entreprises européennes dans les projets liés à l’Inflation Reduction Act.

De leur côté, les Américains se sont montrés plus modérés. Gina Raimondo a simplement rappelé que la législation était « un outil essentiel et la législation américaine sur le climat la plus importante à ce jour ». Elle a également souligné la forte collaboration entre les États-Unis et l’Union européenne et les progrès réalisés sur les chaînes d’approvisionnement en semi-conducteurs notamment. En amont, Joe Biden a tenu un discours protectionniste, rappelant que « la chaîne d’approvisionnement industrielle commence ici, aux États-Unis ».

Les dirigeants européens doivent se rencontrer très prochainement pour discuter de mesures sur les énergies vertes au sein de l’Union ; la réunion avec les ministres américains devrait alors être évoquée.