Tesla a du mal à embaucher du personnel qualifié pour faire tourner sa gigafactory située à Brandebourg, non loin de Berlin. L’usine allemande, qui a ouvert ses portes en mars dernier, est en situation de pénurie de main-d’œuvre. Si Elon Musk prévoyait de recruter 12 000 personnes pour faire tourner le site, l’entreprise n’a pu en enrôler que 7 000, début décembre.

La gigafactory de Berlin, bien loin des objectifs fixés

Ce manque de bras se ressent sur les productions de la manufacture, qui avait l’ambition de construire 5 000 véhicules par semaine d’ici la fin de l’année. Fin octobre ce chiffre est plutôt à 2 000 modèles construits. Le dirigeant de Tesla avait même indiqué au média allemand Welt, en décembre 2020, que l’usine berlinoise devrait fabriquer 500 000 modèles en 2022. On en est loin.

La cadence de production est bien plus faible que les autres usines du constructeur automobile. D’après les données de l’analyste Troy Teslike, spécialisé dans Tesla, la gigafactory de Shanghai construirait 20 000 unités en 100 jours, celle du Texas en 151 jours et celle de Berlin en 187 jours.

Une source proche du dossier a expliqué à Wired que ce taux de fabrication plus modeste s’explique par l’absence d’une troisième équipe pour s’assurer que l’usine tourne 24 heures sur 24. Prévue pour septembre 2022, l’implémentation de ce roulement supplémentaire a été repoussée à plus tard.

La mise en place des trois-huit est également empêchée par le nombre d’employés de la branche berlinoise de Tesla. Plusieurs salariés, anciens comme actuels, ont déclaré au média américain que de nombreuses personnes quittaient leur poste à cause d’un salaire trop maigre et de l’inexpérience de la direction. Un travailleur de Tesla présente la situation au sein de la gigafactory de Berlin comme « un chaos total ». Il précise que « certaines personnes sont en arrêt maladie plus longtemps qu’elles n’ont travaillé, souvent parce que la motivation n’est pas là ». Le constructeur automobile a énormément perdu en popularité auprès des ingénieurs allemands. En 2021, Tesla est passée du deuxième rang des employeurs préférés en Allemagne, au sixième rang.

Tesla et Volkswagen se disputent la main-d’œuvre berlinoise

Tesla a du mal à s’imposer dans un secteur allemand hautement compétitif et fortement syndiqué. Selon le syndicat allemand des métallurgistes IG Metall, la société du milliardaire paie 20 % moins bien que des entreprises similaires. Dans la banlieue de Berlin, son principal concurrent est l’historique Volkswagen et son usine implantée à Wolfsburg.

Pour remédier à ce problème, Tesla a proposé des salaires plus intéressants à ses nouvelles recrues, sans pour autant revoir celui de ses anciens employés. Une mesure qui n’a pas plu aux syndicats, car la rémunération dans ce secteur est négociée en fonction d’un taux syndical.

Pour parvenir à engager de nouveaux travailleurs, Tesla mise sur les ressortissants polonais. Aujourd’hui, 10 % de la masse salariale de la gigafactory de Berlin est étrangère.