Apple espère parvenir à produire en interne les puces chargées de gérer le Wi-Fi et le Bluetooth d’ici 2025. L’entreprise y est déjà parvenue avec les puces M1 et M2 de ses MacBook et travaille également sur des modems cellulaires maison. Une politique qui menace sérieusement le chiffre d’affaires de ses fournisseurs, principalement Broadcom et Qualcomm.

Broadcom et Qualcomm pouvaient s’attendre à la séparation

Quand Apple s’installe près de l’un de ses fournisseurs, c’est généralement que la marque à la pomme cherche à profiter du vivier de talent local pour développer elle-même les composants fournis par ces derniers. Cette hypothèse semble se confirmer dans le cas de Broadcom.

Fin 2021 Bloomberg notait que Cupertino recrutait des ingénieurs à Irvine, où Broadcom dispose d’une part de ses activités. Aujourd’hui le média américain révèle qu’Apple souhaite bien remplacer l’une des puces qu’elle se procure auprès de Broadcom par l’une des siennes d’ici 2025. Il s’agit d’un composant clef : la puce combinant le Wi-Fi et le Bluetooth. Cupertino fabrique déjà ce type de produits pour ses AirPods et Apple Watch, ce qui rend la menace d’autant plus sérieuse. Il pourrait sortir en 2025. Le fabricant de l’iPhone travaille également sur des puces radiofréquence et recharge sans fil, aussi vendue par Broadcom. Elle mène, enfin, des recherches sur une puce combinant Wi-Fi, Bluetooth et Modem cellulaire 5G.

Les modems cellulaires gèrent les appels téléphoniques et la connexion internet, hors Wi-Fi. Ils sont actuellement fournis par Qualcomm. C’est dès 2018 qu’Apple a commencé à travailler sur ce type de composant pour ses iPhone, en s’installant à San Diego… Près de Qualcomm. En 2019, Cupertino a racheté pour un milliard de dollars la branche modems d’Intel, entreprise évincée par ailleurs de la production des puces pour les MacBook. Les deux entreprises se sont affrontées sur la question des brevets avant qu’Apple ne baisse temporairement les armes, pour préparer sereinement l’arrivée de la 5G pour 2020.

Comment se remettre d’une rupture avec Apple ?

Pour Broadcom et Qualcomm, perdre un client comme Apple est nécessairement une catastrophe. L’entreprise représente 20 % du chiffre d’affaires de la dernière année fiscale du premier, environ 7 milliards de dollars et 22 % de celui du second, environ 10 milliards de dollars.

Les deux fournisseurs misent toutefois sur leur savoir-faire. Selon le programme d’Apple, les modems cellulaires de Qualcomm auraient dû commencer à disparaître de certains modèles d’iPhone dès cette année avant d’être intégralement remplacés sous 3 ans. Le même schéma que dans le cas Intel. Le géant a cependant dû faire face à quelques impondérables, problèmes de surchauffe, autonomie de la batterie… Qualcomm déclare aujourd’hui avoir un contrat pour fournir la plupart des puces de l’iPhone en 2023.

Hock Tan, le directeur général de Broadcom, n’a pas commenté les révélations de Bloomberg. Il avait toutefois déclaré en décembre « Nous pensons que nous avons la meilleure technologie et que nous offrons de la valeur à nos clients ». L’homme, réputé dur en négociation, aurait profité de la pénurie de composants pour imposer à ses clients des commandes non annulables.

Une résistance de courts termes tant le succès d’Apple paraît inéluctable, malgré ses difficultés du moment. Les deux entreprises se préparent donc à l’après. Qualcomm cherche à développer les meilleures puces du marché, mais aussi à diversifier ses activités, dans les serveurs, le métavers… Broadcom multiplie les acquisitions, non sans difficulté, pour se faire une place dans le monde du logiciel. En attendant, la manne Apple est toujours là.