Tencent, l’entreprise chinoise la plus valorisée en bourse, compte vendre 15 milliards de dollars d’actions en 2022. Selon l’analyse du Financial Times, à l’origine de l’information, il s’agit d’un changement de stratégie important, contraint par la pression des autorités de régulations et des investisseurs de la société.

Des cessions d’actifs en cascade

En décembre 2021 Tencent a offert l’équivalent de 16,4 milliards de dollars de dividendes à ses actionnaires, sous la forme d’actions de la société d’e-commerce JD.com. Le mois suivant le géant chinois a cédé plus de 3 milliards de dollars d’actions du conglomérat singapouriens Sea. Une partie des parts de Tencent dans le service de livraison de nourriture Meituan pourrait être vendue prochainement et d’autres actifs aux performances décevantes pourraient suivre.

Au total, 14,5 milliards d’actions devraient être vendues en 2022, sur un portefeuille d’une valeur de 88 milliards de dollars cette même année. Tencent détient 10% ou plus de six grandes entreprises chinoises, dont Meituan déjà cité ou le service de vidéos courtes Kuaishou.

C’est justement ici que le bât blesse. Depuis fin 2020, Pékin a décidé de fermement reprendre en main son secteur numérique, devenu trop puissant au goût du pouvoir. Si Tencent a pu éviter une amende antitrust record, contrairement à l’autre géant Alibaba, l’entreprise subie les mesures touchant le jeu vidéo et d’autres secteurs.

Les autorités ont donné quelques des signes d’apaisement de la répression du secteur numérique, mais les amendes pour pratique monopolistique, certes limitée, continuent de fleurir. Tencent doit également faire face au contexte économique chinois morose.

La politique zéro-covid affecte l’économie, tandis que le pays est traversé par une crise du secteur immobilier. Tencent n’échappe pas à cette conjoncture. Lors de ses derniers résultats trimestriels, l’entreprise a affiché ses premières pertes de chiffre d’affaires depuis son entrée en 2004. Les investisseurs inciteraient l’entreprise à se débarrasser de ses actifs les moins rentables pour faire face à la crise.

Tencent dément

Contacté par le Financial Times, Tencent dément les informations du quotidien britannique en affirmant ne pas avoir « d’objectifs de désinvestissement ». L’entreprise assure également ne pas avoir « reçu de pression extérieure ». Elle a assuré qu’elle continuerait « à prendre des décisions de manière indépendante et dans le meilleur intérêt de nos actionnaires sur le long terme ».

Tencent semble effectivement continuer à investir, mais pas n’importe comment. L’entreprise se concentrerait sur ses domaines de croissances stratégiques, les logiciels d’entreprises, services de vidéos et dans le jeu vidéos. Ces prises de participations sont opérées principalement à l’étranger, comme le montre récemment l’achat de 16,25% des parts du studio de jeux vidéos japonais FromSoftware.

À l’occasion du second trimestre 2022 décevant de Tencent, Pony Ma, PDG et fondateur de l’entreprise, s’était voulu rassurant en projetant l’abandon d’activités non essentielles ou non rentables, pour renouer avec la croissance dès le troisième trimestre.