Les autorités chinoises ont demandé aux entreprises spécialisées dans la livraison de repas de prélever une commission moins élevée auprès des commerces avec lesquels elles collaborent. À l’annonce de cette nouvelle mesure, l’action de Meituan, géant chinois du secteur, s’est effondrée en bourse.

Aider les restaurateurs chinois

La Commission nationale du développement et de la réforme chinoise, ainsi que treize autres organismes du gouvernement, ont ainsi expliqué qu’ils allaient guider les plateformes de livraison afin qu’elles réduisent les frais facturés aux restaurateurs. Objectif : réduire les coûts d’exploitation pour ces derniers, qui ont été mis en difficulté par la pandémie de Covid-19.

D’ailleurs, Pékin a également ordonné aux entreprises concernées d’accorder des remises préférentielles périodiques aux restaurateurs dans les villes où le virus a fait des dégâts récemment. En effet, les mesures chinoises pour freiner la pandémie au cours de l’année écoulée ont conduit à un renforcement des règles de distanciation sociale et à des fermetures dans certaines villes, ce qui a directement nui au secteur de la restauration.

Meituan, dont l’un des actionnaires principaux est Tencent, a ainsi vu son action à la bourse de Hong Kong chuter de plus de 15 % suite à cette annonce. Pour rappel, l’entreprise a engrangé un revenu de 4 milliards de dollars au troisième trimestre 2021. Ele.me, service de livraison de nourriture appartenant à Alibaba, a quant à lui baissé de près de 4 %.

La Chine veut mieux réguler ses big tech

Ces directives interviennent dans un contexte bien précis en Chine : le gouvernement souhaite mieux réguler ses big tech tout en mettant en avant la prospérité commune. Meituan a déjà fait les frais de cette régulation en écopant d’une amende de 456 millions d’euros pour avoir obligé les restaurateurs à utiliser exclusivement la plateforme.

En automne dernier par ailleurs, les autorités ont demandé aux plateformes de livraison d’améliorer les conditions de travail des livreurs. Comme l’explique TechCrunch, ces derniers sont parfois soumis à un stress accru, notamment à cause d’algorithmes d’optimisation de l’efficacité qui ne tiennent pas pleinement compte de la capacité humaine et de l’état des routes.

Ainsi, Meituan et Alibaba ont commencé à offrir aux conducteurs des casques connectés dotés de fonctions de commande vocale, afin qu’ils n’aient plus besoin de consulter leur téléphone pour se repérer ; les plateformes ont également assoupli les délais de livraison pour les conducteurs.

La gig economy dans le viseur de plusieurs pays

La Chine n’est pas le seul pays à vouloir réguler la gig economy. C’est aussi le cas de l’Europe, qui a d’ailleurs déposé une proposition de directive au mois de décembre dernier visant à salarier les livreurs et chauffeurs de plateformes telles que Deliveroo ou encore Uber.

Le modèle économique de ces plateformes pose parfois problème aux législateurs qui souhaitent mieux les réguler. En conséquence, ces dernières doivent trouver la balance entre la profitabilité et le bien-être des travailleurs. Les nouvelles mesures décidées en Chine risquent néanmoins de fortement impacter les bénéfices de Meituan : les commissions ont contribué à hauteur de 60 % au chiffre d’affaires de la firme au cours du trimestre clos en septembre 2021.