Pour faire face aux deux géants du numérique et à leurs règles jugées inéquitables, les sociétés mères de Fortnite et de Tinder, Spotify, Basecamp, Tile, Blix ou encore Deezer se sont alliés sous la “Coalition for App Fairness”, ou la “Coalition pour l’équité des applications” en français.

« Nous rejoignons la “Coalition for App Fairness” afin de défendre les droits fondamentaux des développeurs à créer des applications et à travailler directement avec leurs clients », annonce le PDG et fondateur d’Epic Games, Tim Sweeny. Avec les autres entreprises membres de la coalition, il est en pleine bataille contre Apple et son store, mais aussi contre Google Play. Dans l’ensemble, les charges concernent des règles jugées injustes par les développeurs d’applications ou de jeux.

Google et Apple sont aujourd’hui rattachés à la quasi-totalité des smartphones en circulation dans le monde, que ce soit par la fabrication de portable, de systèmes d’exploitation ou par leurs magasins d’applications. C’est particulièrement sur ce dernier point – marqué par une commission de 30% sur l’ensemble des achats qu’ils soient payé directement dans l’application ou dans l’App Store – que la “Coalition for App Fairness” compte faire pression. Situation qu’un développeur dénonce anonymement

« Peuvent-ils tous nous bannir ? J’en doute. »

Cette coalition souhaite que les développeurs aient le choix entre plusieurs magasins d’applications, qu’ils aient accès à certaines informations techniques, et surtout qu’ils bénéficient d’une réduction pour être recensés sur l’App Store ou le Play store. « Nous ne sommes pas seuls dans cette affaire, et nous devrions défendre les intérêts de tout le monde », déclare la porte-parole de l’association à but non lucratif, Sarah Maxwell. Pour elle, la “Coalition for App Fairness” incarnerait « une voix pour beaucoup [d’entreprises] ».

La coalition accepte des structures de toutes tailles et incarne un contre-pouvoir pour les développeurs. Pour les petites structures la force de l’union attire : « Peuvent-ils tous nous bannir ? J’en doute », s’interroge le directeur général de Blockchain.com. L’objectif de cette association est de porter la « voix des développeurs d’applications et de jeux pour protéger le choix des consommateurs et de créer un terrain égal pour tous », explique le responsable des secrétariats des affaires internationales et directeur juridique de Spotify, Horacio Gutierrez.

Apple légitimiste ses frais par ses services

Pour les deux géants du numérique, leur travail sur la sécurité, le contrôle des applications, la distribution ou sur leurs systèmes de paiement justifient ces frais. Au-delà de prouver leur bien-fondé, notamment en rappelant que dans le cadre des abonnements, la commission d’Apple diminue de moitié au bout d’un an ; la marque à la pomme revendique la visibilité, et donc les opportunités commerciales, qu’elle offre aux développeurs. Cette position est digne de l’une des plus grandes interrogations de notre histoire : qui de l’oeuf ou de la poule est arrivé en premier ? Peu importe que ce soit les applications ou les stores qui attirent les utilisateurs, grâce à leur situation oligopolistique les deux GAFA possèdent une liberté d’action infinie.

Ces revendications interviennent dans un contexte où Apple fait l’objet de deux enquêtes, toutes deux pour pratique anticoncurrentielle. Une est initiée par la Commission européenne et l’autre par le ministère américain de la Justice. Le 28 septembre 2020, aux États-Unis, en Californie du Nord, une audience doit statuer sur l’avenir de Fortnite dans l’App Store. Peu avant le procès antitrust d’Apple, l’oligopole semble se fragiliser.