Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, a partagé sa feuille de route pour le spatial européen en 2024 et au-delà. Un programme marqué par un contexte géopolitique complexe, mettant l’accent sur l’unité de l’Europe et sa souveraineté.
La nécessité d’établir un marché unique
L’Union européenne (UE) demeure en retard sur les autres grandes puissances dans le secteur spatial. En novembre 2022, une conférence ministérielle allouait 16,9 milliards d’euros de budget à l’Agence spatiale européenne (ESA). La NASA obtenait quant à elle un financement 24 milliards de dollars pour la seule année 2022. Une situation exacerbée par de nouveaux défis comme la guerre en Ukraine, mettant fin à la précieuse collaboration spatiale avec la Russie.
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« 2024 sera une année de projection pour la vision que nous voulons pour l’Europe en matière de politique spatiale dans les 5 à 10 prochaines années », écrit Thierry Breton. Le commissaire a ainsi défini cinq priorités pour l’industrie de l’espace européenne.
Il met tout d’abord en avant la nécessité d’établir « un véritable marché unique de l’UE pour l’espace », alors que les législations nationales sont pour l’heure privilégiées. La loi européenne sur l’espace, qui pourrait être adoptée par la Commission au cours du premier trimestre 2024, permettra une grande avancée dans ce sens. Elle introduira des règles communes pour les activités spatiales, en mettant l’accent sur « la sécurité, la résilience et la durabilité ».
Breton insiste en outre sur la souveraineté de l’Union européenne et la nécessité de détenir un accès à l’espace indépendant. Avec les nombreux retards d’Ariane 6, l’UE a été contrainte de se tourner vers SpaceX pour le lancement de plusieurs satellites de la constellation Galileo. Une humiliation, qui ne doit pas se reproduire avec la future constellation ISIS2.
Si Ariane 6 devrait prochainement réaliser son premier vol inaugural, l’Europe doit en parallèle stimuler son industrie de lanceurs, préconise Thierry Breton. Cela passe par le soutien de nouveaux acteurs et des investissements dans l’innovation, afin de faire émerger un secteur compétitif.
Défense et commercialisation
Le commissaire appelle également à « protéger les systèmes spatiaux avec de nouvelles capacités ». Objectif : surveiller les infrastructures et détecter les menaces, en développant des réseaux autonomes communs pour améliorer la résilience et la sécurité. Dans la même optique, il met en avant la nécessité de bâtir un système de défense spatiale robuste.
Enfin, l’Union européenne doit développer un marché commercial de l’espace, en soutenant, par exemple, des initiatives émanant du new space. « Nous devrions débloquer 10 milliards d’euros d’investissements privés au cours des cinq prochaines années pour accompagner la croissance rapide de nos étoiles montantes », recommande Thierry Breton.