Amazon et iRobot vont devoir patienter plus longtemps que prévu. La Commission européenne a annoncé, le 6 juillet, ouvrir une enquête approfondie sur le rachat du fabricant de robots ménagers par le géant de l’e-commerce. Le verdict attendu pour le 15 novembre prochain a finalement été décalé au 13 décembre 2023.

Amazon pourrait exclure les concurrents d’iRobot

« Le délai accordé à la Commission européenne pour prendre une décision a été prolongé de 20 jours ouvrables supplémentaires en accord avec les différentes parties », a déclaré l’autorité de la concurrence de l’UE dans un communiqué.

Annoncé en août 2022, le rachat d’iRobot est estimé à 1,7 milliard de dollars à Amazon. Cette acquisition serait la quatrième plus importante de l’histoire de l’entreprise d’e-commerce, derrière le rachat de One Medical pour 3,9 milliards de dollars en 2022, celui de Metro Goldwyn Mayer en 2021 à hauteur 8,5 milliards et Whole Food Market en 2017 pour 13 milliards de dollars. iRobot est l’un des pionniers des robots aspirateurs avec sa gamme Roomba lancée en 2002.

Le montant de la transaction a logiquement incité les régulateurs à se pencher sur le dossier. En septembre, la Federal Trade Commission (FTC), l’autorité de la concurrence américaine, a lancé une enquête et n’a toujours pas rendu son verdict. Le 19 juin, l’autorité antitrust britannique a donné son feu vert pour le rachat.

La Commission européenne a, quant à elle, commencé une investigation préliminaire en février. Elle a décidé de la transformer en enquête approfondie au début du mois. Bruxelles estime que cette opération pourrait permettre au géant américain « de restreindre la concurrence sur le marché des aspirateurs robots et de renforcer sa position de fournisseur de place de marché en ligne ».

Dans son communiqué, le gendarme européen redoute qu’Amazon exclue les autres fabricants de robots ménagers de sa marketplace. Elle considère que ce canal est « particulièrement important pour la vente d’aspirateurs robots dans plusieurs États membres ». Le leader de l’e-commerce pourrait soit les empêcher de vendre leurs produits sur son site, soit dégrader l’accès en abaissant leur position dans les résultats de recherche.

Autre point, Bruxelles craint que l’entreprise américaine se serve des données de ses clients pour améliorer ses ventes. Elle pourrait connaître en détail la vie privée et les habitudes des utilisateurs dans leur domicile. La société détient une multitude de produits collectant des informations comme l’assistant Alexa, les enceintes Echo, les sonnettes Ring et les caméras Blink, et les robots de iRobot. Cela lui permettrait d’avoir un avantage conséquent pour mettre en avant ces produits sur d’autres sites de ventes et engendrer « des barrières à l’expansion pour les concurrents d’Amazon, au détriment des consommateurs ». Amazon va échanger avec la Commission européenne durant les prochains mois afin de la convaincre d’autoriser le rachat.