Eric Xu, actuel président tournant de Huawei, et Meng Whanzou, directrice financière et fille de Ren Zhengfei, son fondateur et directeur général, ont présenté, le 31 mars, les résultats du géant de la télécommunication lors de son exercice financier 2022. Face aux restrictions américaines dont elle est la cible depuis plusieurs années, Huawei affiche une légère croissance, symbole de « l’intégration de ces mesures dans les différentes stratégies » de l’entreprise chinoise. Cependant, de nombreux défis attendent Meng Whanzou, qui doit remplacer Eric Xu au poste de présidente tournante de Huawei dès le 1er avril pour une durée de six mois.

Comme convenu, Huawei stabilise ses revenus

En 2022, Huawei a dévoilé un chiffre d’affaires de 86 milliards d’euros, en accord avec ses prévisions partagées début janvier. Il s’agit d’une légère hausse de 0,9 % sur l’année glissante. « Nos activités d’entreprise ont maintenu une croissance solide alors que les industries s’orientent de plus en plus vers un développement numérique, vert et à faible émission de carbone », a déclaré (PDF) la société basée à Shenzhen.

Toutefois, les bénéfices nets du groupe, qui s’élevaient à 4,8 milliards d’euros en 2022, se sont effondrés de 69 % par rapport à 2021 où ils atteignaient les 15 milliards d’euros. Lors de la conférence de presse tenue dans la matinée, Meng Whanzou a assuré que « les résultats étaient conformes à nos attentes, malgré une pression plus forte ». Elle rapporte également que « la marge bénéficiaire de Huawei est à un niveau historiquement bas en raison de la baisse des revenus et de l’augmentation des dépenses de R&D ».

Huawei capitalise sur la recherche et le développement

Depuis 2019, les États-Unis ont entrepris de nombreuses restrictions à l’encontre de Huawei, le suspectant d’espionner le pays avec ses équipements et d’avoir mis sur écoute leurs bases militaires. Depuis, le groupe s’est vu privé des semi-conducteurs et du matériel de fabrication essentiels à la conception de ses produits.

Pour rebondir, Huawei a investi un quart de ses recettes en dépenses de recherche et développement, soit environ 21,6 milliards d’euros. C’est 13 % de plus qu’en 2021. « Nous avons continué à investir dans la recherche fondamentale orientée vers l’avenir et l’innovation ouverte dans des domaines tels que l’informatique dématérialisée, les composants pour voitures intelligentes et les technologies logicielles fondamentales », a précisé le mastodonte. Fin 2022, plus de 114 000 personnes étaient rattachées à la division R&D, soit 55 % des effectifs de Huawei qui compte 207 000 salariés.

En ce sens, Ren Zhengfei indiquait, le 24 février, que Huawei avait entrepris de remplacer et modifier des milliers de composants et circuits imprimés pour contourner les sanctions de l’Oncle Sam. « Au fur et à mesure que notre rentabilité s’améliorera, nous continuerons à augmenter nos dépenses en R&D », se félicitait-il, « nous sommes toujours dans une période difficile, mais nous ne nous sommes pas arrêtés sur le chemin du progrès ». 13 000 composants américains ont été remplacés par des alternatives manufacturées en Chine et 4 000 circuits imprimés pour ses appareils ont été repensés.

Trouver de nouvelles sources de revenus

Lors de sa prise de parole, Eric Xu concède qu’« un environnement d’affaires difficiles et des facteurs extérieurs au marché ont continué à peser sur nos activités ». Il estime que l’année 2023 « sera cruciale pour la survie et le développement durable de Huawei ».

Dans l’incapacité de concevoir des modèles de smartphone 5G à cause de l’embargo américain, l’entreprise est à la recherche de nouvelles sources de revenus. Elle se concentre désormais sur la conception de semi-conducteurs, pour remplacer les puces américaines, les voitures connectées ou encore le cloud. Sa solution d’informatique en nuage est d’ores et déjà déployée dans 29 régions et est accessible à plus de 170 pays dans le monde entier.

Meng Whanzou à la tête de la présidence de Huawei

Dès le 1er avril, Meng Whanzou prendra ses fonctions de présidente tournante de Huawei. Une première pour la fille du fondateur, plus connue pour ses déboires avec la justice américaine. Elle devra conduire un navire en pleine tempête et aider la société à surmonter un contexte économique et géopolitique intransigeant.

La successeur à Eric Xu rappelle que « nous ne mettons pas l’avenir de l’entreprise dans les mains d’une seule personne ». Elle souligne que « les règles de gouvernance élaborent les rôles et les responsabilités de chacun, ainsi que le calendrier de la présidence tournante. Je suivrai ces règles ». Elle conclut qu’« en tant qu’entreprise, nous n’avons pas la capacité de changer la géopolitique ou l’environnement, nous ne pouvons que nous adapter ». Meng Whanzou sera aux commandes de Huawei jusqu’au 30 septembre prochain.