L’Entity List, la liste noire du département du Commerce des États-Unis, risque encore de s’étoffer avec des entreprises chinoises. Les sociétés vraisemblablement menacées ont été dénoncées il y a un peu moins d’un an comme étant membre d’un « réseau secret » fournissant le géant Huawei.
Huawei, encore Huawei, toujours Huawei
Washington se demande toujours comment Huawei est parvenu à mettre en vente à la rentrée 2023 un smartphone doté d’une puce avancée. Les élus républicains avaient demandé à suspendre toutes les licences de l’entreprise, présente sur l’Entity List depuis 2019. Ces licences sont indispensables aux sociétés américaines souhaitant vendre des produits à des partenaires étrangers fichés.
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Il semble que l’administration américaine s’intéresse à de nouvelles entreprises chinoises pour leur liste noire, à en croire Bloomberg. Il s’agit de Qingdao Si’En, SwaySure, Shenzhen Pensun Technology Co, CXMT, SiCarrier, Shenzhen Pengjin High-Tech co, ChangXin Memory Technologies…
Certains noms sont déjà connus grâce à la Semiconductor Industry Association (SIA), le plus puissant lobby du secteur aux États-Unis. Il avait dénoncé durant l’été 2023 un réseau secret de fabrication utilisé pour contourner les restrictions commerciales de Huawei.
Le groupe chinois aurait discrètement monté et acheté des entreprises de semi-conducteurs, plus ou moins sous son contrôle, pour s’approvisionner. La plupart près de son camp de base, à Shenzhen. Une accusation reprise par les sources de Bloomberg concernant SiCarrier, Shenzhen Pengjin High-Tech co, deux fournisseurs d’outils de fabrication de puces.
Les États-Unis disposent d’un outil pratique
Le placement sur Entity List est devenu une arme commerciale facilement dégainée par les deux dernières administrations américaines. Celle de Donald Trump l’a utilisé à 305 reprises contre des groupes chinois, celle de Biden en est à 316. Sur ces 8 dernières années, cela a été utilisé deux fois plus qu’au cours des deux décennies précédentes.
Il s’agit d’un outil symboliquement fort et relativement facile à employer. Son efficacité dépend en partie du bon vouloir du Bureau de l’industrie et de la sécurité (BIS) du Département du Commerce qui gère l’Entity List. En partie seulement, car comme le montre le cas Huawei, le filet peut être lâche. La puce de son dernier téléphone a pu être construite légalement grâce à des technologies d’entreprises occidentales.
L’Entity List est aussi un outil diplomatique. Le nouvel arrivage d’inscriptions pourrait être lié aux relations entre Chine et États-Unis. Une tentative d’apaisement de ces relations est en cours. Ce n’est pas le moment le plus opportun pour irriter Pékin. D’autant que les États-Unis seraient en plus en train de réfléchir à imposer un droit de douane sur les puces matures venues de Chine. Les Européens seraient même incités à faire de même dans le cadre de négociations bilatérales entre les deux puissances.