Rarement la sortie d’un smartphone aura suscité autant de réactions. Le Huawei Mate 60 a suscité la joie en Chine et l’inquiétude aux États-Unis. L’entreprise a prouvé, avec l’aide de la Semiconductor International Manufecturing Corp (SMIC) qu’elle pouvait fabriquer une puce avancée malgré les sanctions américaines. Pour le représentant républicain Mike Gallagher, la première puissance mondiale doit réagir.
Le smartphone le plus géopolitique de Huawei
Le tout nouveau Mate 60, sorti discrètement par Huawei en Chine, a fait grand bruit. Après s’être glissé jusqu’au point presse du Conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, c’est au Congrès que cela s’agite.
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L’élu Mike Gallagher, président du comité spécial sur la concurrence stratégique entre les États-Unis et le Parti communiste Chinois, jugé très influent, a pris la plume pour écrire à l’agence de presse Reuters. Selon lui « Le moment est venu de mettre fin à toutes les exportations de technologies américaines vers Huawei et la SMIC ».
Les deux groupes sont sur la liste noire du département du Commerce depuis mai 2019 dans le premier cas, décembre 2020 dans le second. Ce placement sur « l’Entity List » est lié aux menaces pour la sécurité nationale américaines que feraient courir ces entreprises, en travaillant avec Pékin. Cependant, être placé sur cette liste ne signifie pas nécessairement la fin de tout échange avec des sociétés américaines, cela oblige à obtenir une licence pour se faire. À l’automne 2021, à l’initiative d’un élu républicain, il a été révélé que Huawei et SMIC bénéficiaient de l’équivalent de 100 milliards de dollars de ce type de licences.
Pourfendeur de Huawei depuis de nombreuses années, Mike Gallagher juge que le nouvel appareil de l’entreprise « ne pourrait probablement pas être produit sans la technologie américaine ». Il estime donc qu’il faut indiquer, « que toute entreprise qui bafoue la loi américaine et porte atteinte à notre sécurité nationale sera coupée de notre technologie ».
Le frisson qui parcourt Washington avec ce smartphone est lié à son processeur. Conçu par HiSilicon, branche du géant chinois et fabriqué par SMIC, il est jugé très avancé par rapport aux capacités supposées des deux groupes. Selon TechInsights, une structure canadienne spécialisée dans les semi-conducteurs le processus 7 nanomètres utilisé « représente une étape importante en matière de conception et de fabrication en Chine ».
Jake Sullivan a refusé de commenter, en attente de plus amples informations, tout en défendant la stratégie de l’administration Biden sur la limitation à l’export vers la Chine de technologies et semi-conducteurs avancés. Pour Mike Gallagher l’occasion est belle pour forcer l’exécutif démocrate à durcir les mesures contre les deux entreprises. Début 2023 une rumeur avait couru laissant entendre que le département du Commerce envisageait de refuser toutes les licences, sans être suivi d’effets.
En attendant, réseaux sociaux et journaux officiels chinois jubilent. Dans un éditorial du Global Times, un journal de langue anglaise proche de Pékin, il est écrit « Les faits ont prouvé à maintes reprises que la répression américaine ne fera que renforcer la détermination de la Chine en faveur de l’innovation indépendante, de l’autonomie et de l’ouverture au monde extérieur. Les progrès de la Chine ne peuvent être arrêtés ».