Les données du Département du Commerce américain révèlent que 100 milliards de dollars de licences d’exportation ont été délivrés du 9 novembre 2020 au 20 avril 2021 à des fournisseurs de Huawei et SMIC. Les licences permettent aux entreprises américaines de continuer à vendre des produits à des sociétés placées sur liste noire par les États-Unis.
Le pragmatisme prévaut sur la sécurité nationale ?
En l’occurrence, les technologies transférées depuis les États-Unis concernaient essentiellement le secteur des semi-conducteurs, que ce soit les produits eux-mêmes, ou de quoi en fabriquer. Pour certains experts cela a pu favoriser la pénurie mondiale de puces. Huawei et SMIC ont voulu se constituer des stocks au cas où la position du Département du Commerce se durcisse.
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Le chiffre a été dévoilé au grand public le 21 octobre par le député républicain Michael McCaul, membre de la commission des affaires étrangères, avec l’autorisation des députés démocrates. Il démontre que, malgré les sanctions prises envers Huawei et la Semiconductor Manufacturing International Corp, les relations commerciales entre les entreprises chinoises et américaines n’ont pas cessé pour autant.
Le Wall Street Journal détaille : 113 licences d’exportation d’une valeur 61 milliards de dollars ont été octroyées aux fournisseurs américains du géant des télécommunications Huawei, par exemple pour les puces automobiles. 188 licences d’une valeur de 42 milliards de dollars pour les fournisseurs de SMIC, fer de lance de la politique chinoise d’indépendance sur le secteur des semi-conducteurs. 3 demandes ont été refusées par les États-Unis, 65 laissées sans suite.
Les licences, une question très politique aux États-Unis
La question des sanctions fait l’objet de débats au Congrès. Les républicains craignent que l’administration Biden ne revienne sur les décisions prises par Donald Trump. Dans les deux camps, les législateurs exhortent l’exécutif à continuer ses efforts pour bloquer l’accès de ses technologies à la Chine et gagner en autonomie sur le secteur des semi-conducteurs.
Pour David Hanke, ancien conseiller de la majorité républicaine au Sénat sur les questions de sécurité nationale, la délivrance de licences semble « aller à l’encontre des objectifs de l’administration, qui consistent à renforcer le leadership technologique des États-Unis et à améliorer la position de notre pays dans la fabrication nationale de semi-conducteurs ».
Les entreprises américaines qui fournissent Huawei et SMIC exercent des pressions inversent, pour faciliter l’octroi de licences. Selon elles, il en va de leur santé économique.
En réaction à la publication des données, le Département du Commerce a déclaré que « l’existence de licences d’exportation approuvées pour Huawei et SMIC n’est pas, en soi, suffisante pour tirer des conclusions précises sur l’efficacité » de la politique de sanction. Les élus républicains ne l’entendront peut-être pas de cette oreille.