Les États-Unis ont cessé de fournir des licences d’exportation vers Huawei aux entreprises américaines, et envisagent même d’imposer une interdiction totale de la vente de technologies américaines au géant chinois.

Huawei sur liste noire depuis 2019

Sous fond de guerre commerciale, l’administration Trump a pris la décision, en 2019, de placer Huawei sur liste noire des entreprises représentant un danger pour la sécurité nationale du pays. Depuis, les fournisseurs américains doivent obtenir l’autorisation du gouvernement, sous forme de licence, pour vendre du matériel à l’entreprise chinoise.

Des sociétés américaines continuent donc d’exporter des équipements à Huawei ; c’est notamment le cas d’Intel et d’AMD qui lui fournissent les processeurs qu’elle utilise dans ses ordinateurs portables Mate ou encore de Qualcomm, qui lui vend des puces et des modems pour sa gamme désormais réduite de smartphones.

Le gouvernement veut néanmoins mettre un terme à cela. Selon le Financial Times, le Département du Commerce a affirmé qu’il n’accorderait plus de licences aux groupes souhaitant exporter des technologies américaines à Huawei.

Washington hausse le ton

Cette décision intervient dans un contexte particulier, alors que l’administration Biden accélère pour empêcher la Chine d’accéder aux technologies américaines, particulièrement celles de pointe. Au mois d’octobre, les exportations de semi-conducteurs vers l’Empire du Milieu ont été fortement restreintes tandis que la semaine dernière, les États-Unis se sont entendus avec le Japon et les Pays-Bas pour limiter bien plus strictement les exportations d’équipements de pointe destinés à la fabrication de semi-conducteurs vers le pays asiatique.

Le timing de cette nouvelle mesure n’est pas anodin. Après de longs mois très difficiles, Huawei commence à voir la lumière au bout du tunnel. Ses revenus pour 2022 sont restés stables après une chute vertigineuse, et l’entreprise s’attend à ce que 2023 soit l’année où elle revient aux « affaires courantes ».

En effet, Huawei à su rebondir et se diversifier pour contrer les sanctions américaines. Elle s’est notamment tournée vers les entreprises et les administrations publiques, en particulier en Chine, et a développé son activité de cloud computing. Huawei soutiendrait, en outre, des projets dans son pays visant à mettre en place une chaîne d’approvisionnement en semi-conducteurs indépendante des importations, des efforts que Washington ne voit pas d’un bon œil, d’autant plus que l’export de technologies américaines vers l’entreprise lui a permis de ne pas totalement s’effondrer.

Des répercussions néfastes pour les deux parties

Les analystes estiment qu’il est trop tôt pour évaluer l’impact des dernières mesures sur Huawei. « Un arrêt général indéfini serait bien sûr catastrophique pour Huawei, mais le résultat de toute autre mesure pourrait être très différent », a déclaré un expert juridique impliqué dans les demandes de licences d’exportation.

Pour ce qui est des entreprises américaines, il est possible que certaines ne soient pas en accord avec la décision du gouvernement… En effet, il est probable que le Département du Commerce révoque également toutes les licences précédemment accordées pour les ventes à Huawei : « Cela aura un impact majeur sur les revenus des fournisseurs américains pour la plupart des semi-conducteurs de base », a expliqué Paul Triolo, expert en technologie chinoise au cabinet de conseil Albright Stonebridge.

L’annonce pourrait être faite dès le mois de mai, quatre ans après que Huawei ait été placé sur la fameuse liste noire américaine.