La Semiconductor Industry Association (SIA), la plus puissante organisation d’entreprises de semi-conducteurs du monde est inquiète. Huawei, placé sur la liste noire du département du Commerce américain depuis 2019, aurait une discrète chaîne d’approvisionnement de semi-conducteurs.
Huawei joue sa partition
Huawei serait en train de développer des « installations secrètes de fabrication de semi-conducteurs à travers la Chine » selon Bloomberg, qui a pu assister à une réunion de la SIA. L’association américaine de l’industrie des puces, qui compte en son sein des groupes internationaux actifs aux États-Unis, redoute que ce réseau soit utilisé pour acquérir les technologies auquel le géant chinois n’a plus accès.
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La présence sur l’Entity List de Huawei l’oblige à obtenir des licences pour accéder à des technologies américaines. Certaines lui sont accordées, un contrat existe, par exemple, avec Qualcomm, mais ce n’est pas toujours le cas. Des membres du Congrès s’alarment régulièrement que l’entreprise est toujours des relations commerciales avec les États-Unis.
Pour garder un accès encore plus large aux technologies américaines et par prévoyance, Huawei passerait par des prête-noms. La SIA rapporte l’acquisition de deux sociétés, Fujian Jinhua et Qingdao Si’En et les constructions d’autres structures, Pengxinwei IC Manufacturing, Shenzhen Pensun Technology et SwaySure. Toutes installées aux abords de Shenzhen, où se trouve le siège de Huawei.
Depuis octobre 2022, la Chine a été privée par Washington des équipements, propriétés intellectuelles et puces les plus avancés. Les technologies plus matures sont toujours autorisées, à condition de ne pas être sur l’Entity List. D’où l’intérêt de se constituer ce réseau discret. Le Bureau de l’Industrie et de la Sécurité, chargé de l’application des restrictions commerciales américaines, se dit attentif au phénomène et prêt à agir.
Les raisons de l’alarmisme de la SIA
Discret, ce réseau ne l’est pourtant pas vraiment. La troublante proximité entre Huawei et certains de ces groupes a été révélée dans les médias depuis plusieurs mois. Certains sont par ailleurs eux-mêmes sur liste noire. Ce ne sont pas non plus des coquilles vides, mais bien des fournisseurs de semi-conducteurs en activité.
La SIA et ses membres craignent depuis le début les conséquences des sanctions américaines contre la Chine. Il y a d’une part la peur du manque à gagner, conséquent pour des Qualcomm, Intel, ASML… D’autre part, le spectre de la montée en puissance des entreprises chinoises.
Ces dernières peuvent encore largement investir le marché des semi-conducteurs matures qui rapportent moins, mais sont plus utilisés. Elles tentent également de développer leurs propres technologies pour ne plus être soumises aux volontés de Washington. Le tout largement subventionné par Pékin : au cours de sa réunion, la SIA a pointé du doigt des subventions publiques destinées à Huawei allant jusqu’à 30 milliards de dollars, sans plus de précisions.
L’alarme tirée par la SIA ressemble à une piqûre de rappel à l’heure où Washington envisage de prendre de nouvelles sanctions sur le terrain des semi-conducteurs.