Lors d’un discours, le président tournant de Huawei, Eric Xu, a annoncé que la société avait développé ses propres outils de conception de semi-conducteurs. Si cela est avéré, sa dépendance envers les technologies américaines en serait réduite.
Pour faire face aux sanctions américaines, Huawei accélère sur les semi-conducteurs
Depuis que l’administration Trump l’a placée sur liste noire en 2019, Huawei a progressivement perdu l’accès à un grand nombre de puces électroniques et aux derniers outils de conception de semi-conducteurs. Ces sanctions ont très fortement affecté l’activité du géant chinois dans le secteur du smartphone.
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Si Huawei peut acheter des semi-conducteurs auprès de fournisseurs tels que Qualcomm, qui disposent d’une licence spéciale octroyée par Washington, il est pratiquement impossible pour la société de passer des commandes directement auprès de fabricants de puces contractuels comme TSMC. Même les fonderies chinoises leaders comme SMIC et Hua Hong Semiconductor ne peuvent pas fournir Huawei car elles utilisent encore des équipements de production américains, rapporte Bloomberg.
En plus de cela, le gouvernement américain a strictement restreint les exportations de semi-conducteurs en octobre dernier. Pour rebondir, Huawei diversifie ses activités, et a notamment partagé son intention de développer une chaîne d’approvisionnement de semi-conducteurs en Empire du Milieu. L’annonce d’Eric Xu s’inscrit dans cette logique, avec une grande avancée sur un marché dominé par les groupes américains Synopsys et Cadence Design Systems.
Des outils pour les puces de 14 nanomètres
« Nous avons presque atteint notre objectif de construire des outils locaux pour concevoir des puces aussi avancées que celles de 14 nanomètres », a-t-il affirmé lors d’un événement d’entreprise. Il a ajouté que Huawei a construit 78 outils au cours des trois dernières années pour remplacer les produits étrangers.
La technologie 14 nanomètres est en retard d’environ quatre générations par rapport aux derniers produits disponibles sur le marché, mais elle est déjà la deuxième meilleure technologie en Chine. À titre de comparaison, l’iPhone 14 Pro Max d’Apple est alimenté par une puce de 5 nanomètres. Le chiffre en nanomètres fait référence à la taille de chaque transistor individuel sur une puce ; si la taille de ces transistors est réduite, une puce peut en contenir plus. Cela permet de créer des puces plus puissantes et plus efficaces.
Eric Xu a indiqué que les nouveaux outils seront vérifiés cette année, ouvrant ensuite la voie à leur exploitation par la suite.
Des analystes appellent à la prudence
Certains analystes appellent à la prudence car il existe des procédés complexes afin de pouvoir se lancer dans la production de semi-conducteurs, notamment la collaboration entre les sociétés de conception et les fabricants.
Pour assurer le rendement optimal des puces, les deux parties doivent optimiser la production en effectuant des ajustements garantissant que les conceptions fonctionnent correctement lorsqu’elles sont converties en silicium. « Il n’y a pas encore assez de preuves pour suggérer que les entreprises chinoises d’automatisation et de conception électronique ont franchi cette barrière », commente Pranay Kotasthane, président du programme de géopolitique de haute technologie à la Takshashila Institution, au média CNBC.
Le président Xi Jinping a souligné à plusieurs reprises l’importance de mettre en place une chaîne d’approvisionnement autosuffisante dans le domaine des semi-conducteurs. D’ailleurs, la Chine multiplie les efforts pour booster son secteur local, tout comme les États-Unis qui encourageant les constructeurs à produire depuis leur territoire.