192 : c’est le nombre de licences d’exportation accordées par le Département américain du Commerce entre janvier et mars 2022, à des entreprises chinoises inscrites sur une liste noire, appelée « Entity List ». Ces autorisations, indispensables à l’exportation des produits et technologies mises au point par des sociétés américaines, auraient généré près de 23 milliards de dollars pour l’économie américaine. Les chiffres ont été révélés par Michael McCaul, élu républicain à la Chambre des Représentants et président de la Commission des Affaires étrangères, ouvertement critique envers la politique économique de l’administration Biden, qu’il juge trop conciliante envers la Chine.

L’Entity List, une liste noire pour les entreprises étrangères

Le Bureau de l’Industrie et de la Sécurité (BIS), agence gouvernementale sous l’égide du Département du Commerce, est en charge de faire concilier dynamisme de l’industrie technologique américaine et protection de la sécurité nationale. Pour cela, le BIS dispose d’un registre appelé « Entity List », où sont inscrits les noms des entreprises étrangères pouvant menacer les intérêts américains, et qui ne peuvent se fournir en technologies produites en Amérique par des entreprises américaines. Près de 600 entreprises chinoises, dont Huawei et le fabricant de semi-conducteurs YMTC ont fait l’objet d’une inscription sur cette liste noire. L’obtention d’une licence d’exportation est alors nécessaire pour bénéficier des technologies américaines.

Vers un durcissement des critères d’obtention

Entre janvier et mars 2022, 192 licences ont été approuvées sur 242 demandes totales enregistrées auprès du BIS. Près de 115 des autorisations accordées concernent des technologies de pointe. Huawei, accusé d’espionnage par les administrations Trump et Biden, est l’un des principaux bénéficiaires de ces permissions. Le géant chinois des télécommunications a obtenu 113 licences entre novembre 2020 et avril 2021. Cependant, la tendance devrait s’inverser en 2023, le gouvernement américain s’étant prononcé en faveur d’une interdiction totale de délivrance de licences d’exportation à Huawei.

Une guerre froide technologique ?

Les tensions qui règnent entre l’administration Biden et les élus républicains sont le reflet d’un difficile équilibre dans la relation qui lie les deux premières puissances mondiales, oscillant entre protectionnisme et coopération. Selon McCaul, l’octroi d’autant de licences à la Chine est préjudiciable : « Cette technologie américaine essentielle est destinée à la surveillance et aux efforts militaires du parti communiste chinois ». Le gouvernement américain dément ces critiques, en assurant que « Chaque licence (…) – qui concerne principalement des exportations de produits de faible technologie et d’autres articles qui ne posent pas de problèmes de sécurité nationale importants – a été soigneusement examinée ». Le techno-nationalisme a encore de beaux jours devant lui.